Gad Elmaleh assure la promotion des Béatitudes

Dans son film Reste un peu, sorti à la mi-novembre dernier, Gad Elmaleh parle de sa conversion au catholicisme. Dans ce récit hautement biographique, l’acteur rencontre une religieuse dont le rôle dans le film est tenu par une religieuse de la communauté des Béatitudes. Ce mouvement qui est depuis plus d’une dizaine d’années sous le coup de nombreuses accusations, notamment d’abus sexuels, se voit bénéficier d’une audience positive grâce à l’humoriste.

Gad Elmaleh ne cache pas sa foi et interrogé sur ses liens avec la communauté des Béatitudes il a répondu en novembre 2022 qu’il s’agissait d’« un coup de foudre spirituel ». En portant cette partie de sa vie intime sur les écrans l’acteur est  devenu une égérie pour les catholiques et même les plus « tradis ».

Ce film a été très bien accueilli par la communauté qui en a largement fait la promotion. Mais pas par Sylvaine Coquempot dont la sœur, Cathy, membre du groupe avait été retrouvée pendue aux rideaux de sa chambre en 1979. Sa sœur qui se bat désormais pour que soient réparés les outrages dont Cathy a été victime a raconté son calvaire dans un article paru en septembre 2022 dans le journal Golias.

Cathy qui n’avait que 21 ans au moment de sa mort, a été abusée par l’un des fondateurs de la communauté, et a subi des exorcismes violents. Sans soins, elle a fini par mettre fin à ses jours. Un suicide maquillé en « mort mystique » selon Sylvaine.

Interloquée par la promotion du film de Gad Elmaleh et l’image positive donnée ainsi aux Béatitudes, elle a envoyé deux courriers aux maisons de production du film en octobre 2022. Ses lettres sont restées sans réponse, mais l’acteur et la communauté se sont faits plus discrets jusqu’en décembre quand Gad Elmaleh, invité par le Pape, a publié une photo de lui aux côtés du souverain pontife sur laquelle il tient l’affiche du film.

Sollicité par l’Express, Gad Elmaleh n’a pas souhaité répondre. Son attachée de presse a, quant à elle, expliqué qu’il n’avait pas enquêté sur le mouvement sur lequel il est pourtant aisé de trouver des informations qui interrogent1.

En effet, depuis 2008 de nombreux scandales ont émaillé la vie de la communauté, comme la condamnation en 2011 de Pierre-Etienne Albert, meilleur ami du fondateur, pour avoir abusé de 57 enfants, ou plus récemment la mise en cause de deux prêtres, responsables du Cours Agnès de Langeac, pour des soupçons d’abus sexuels. Des faits de travail dissimulé auraient aussi été découverts récemment.

La promotion du film est d’autant plus mal venue que la communauté des Béatitudes persiste à refuser de rejoindre le dispositif de la commission indépendante sur les abus sexuels, ouverte en 2018 et « n’a pas signé la charte éthique de la Conférence des religieux et religieuses de France. » 

(Source : L’Express, 22.05.2023)

  1. Lire sur le site de l’Unadfi, l’ensemble des articles sur la Communauté des Béatitudes : https://www.unadfi.org/mot-clef/beatitudes/
  • Auteur : Unadfi