Pierre de Maillard, abbé de la Fraternité Saint-Pie X, a comparu devant la cour d’assises de La Roche-sur-Yon pour des faits de viols et d’agressions sexuelles commis sur 27 victimes entre 1995 et 2020.
Membre de la Fraternité Saint-Pie X, Pierre de Maillard exerçait au prieuré Notre-Dame-du-Rosaire à Saint-Germain-de-Prinçay en Vendée. Les victimes sont, toutes d’actuelles ou anciennes membres de la communauté. Les faits qui sont reprochés à Pierre de Maillard se sont déroulés majoritairement en Vendée mais aussi en Charente, dans l’Ain ou encore les Yvelines. Ouverte à la suite de deux plaintes déposées en juillet 2020, l’enquête a révélé des circonstances aggravantes comme des abus d’autorité de la part du prêtre – mais également des faits de « corruption de mineurs ». Peu à peu de nombreuses nouvelles victimes se sont manifestées durant l’enquête. Le prêtre a été placé en détention provisoire en octobre 2020. Il est accusé de quatre viols aggravés par abus de l’autorité due à sa fonction ecclésiastique et de 27 faits d’agressions sexuelles aggravées notamment sur des mineurs. Ces agressions ont eu lieu lors de répétitions de chorale, de messes ou lors de sorties scoutes mais aussi au domicile des victimes.
La Fraternité Saint-Pie X s’est constituée partie civile. Pour Me Solange Doumic, avocate de la Fraternité, Pierre de Maillard « réussissait à présenter un visage tellement différent de ses actes ». Une procédure canonique serait en cours afin de renvoyer l’accusé à l’état laïque.
Le procès qui a débuté le 22 mai 2022 s’est tenu à huis clos, à la demande des parties civiles. Les avocats ont pu cependant communiquer à la presse certains éléments du procès, en particulier le fait qu’en 2013 Pierre de Maillard était sous le coup d’une interdiction de côtoyer des enfants mais qu’il usait de ruses pour tout de même attirer ses victimes. Ces dernières ont décrit un homme « pervers et sans gêne » et une « personnalité tortueuse et machiavélique ». De son côté le prêtre se décrit comme « une personnalité détraquée ». Il et ne nie pas les faits mais tente de les minimiser, comme le décrit un avocat des parties civiles : « Il demande pardon mais avec lui, les viols deviennent des agressions sexuelles et les agressions sexuelles de simples caresses sans connotation sexuelle ».
La condamnation du prêtre devrait apporter aux victimes un soulagement, la reconnaissance de leur statut de victimes et la possibilité de tourner la page du feuilleton judicaire pour se reconstruire.
Ce procès met en lumière les différents abus commis par des membres de la Fraternité et leur caractère systémique. Fondé dans la foulée de l’affaire Pierre de Maillard, au début de manière informelle sur les réseaux sociaux et les forums où des victimes échangeaient leurs témoignages, un collectif aide les victimes de l’organisation à agir en justice. L’association reproche à l’organisation d’avoir été au courant de certaines agressions mais d’avoir choisi de les taire.
(Sources : Ouest France, 20.05.2023 & 23.05.2023 & 24.05.2023 & France Bleu, 22.05.2023 Le Figaro,22.05.2023)