Suite à la parution, en juin 2020, d’un article de la Voix du Nord révélant des soupçons « d’abus sexuels, spirituels ou d’autorité » concernant le père Tierny1, fondateur du foyer de charité de Courset, de nouvelles victimes se sont manifestées auprès du journal. La Voix du Nord livre leurs témoignages dans son édition du 16 février.
Caroline, élève de 1984 à 1987, était âgée de neuf ans lorsqu’elle a été agressée sexuellement par une surveillante qui l’a touchée sous la douche sous prétexte de vérifier si elle s’était bien savonnée. Tout lui est revenu 25 ans plus tard. Hospitalisée pour burn out, c’est lorsque le personnel soignant lui a montré le fonctionnement de la douche que les souvenirs d’abus sexuels ont resurgi. Elle se rappelle aussi les mauvais traitements, les douze prières obligatoires, la dizaine de chapelets, la messe, les humiliations. Elle se souvient aussi d’une institution très refermée sur elle-même, coupée du monde, où la télévision était interdite.
Hélène, une autre élève, y était scolarisée dans les années 1970. Elle se rappelle avoir été privée de nourriture à cause « d’une bêtise », avoir été enfermée et avoir subi des interrogatoires. Les coups reçus du père Tierny, un homme qu’elle qualifie « d’agressif » et « autoritaire », sont encore dans sa mémoire. Elle n’est pas la seule à avoir subi ce sort, « beaucoup sont comme moi, et attendent des explications, des excuses même » dit-elle. Elle ne portera pas plainte car les faits sont prescrits, mais malgré les années qui ont passé, sa souffrance psychologique est toujours vivace.
Après avoir reçu ces nouveaux signalements, le journal s’est tourné vers le Centre national d’accompagnement familial face à l’emprise sectaire (CAFFES) afin d’obtenir un avis sur la question. Si le centre n’a reçu, à ce jour, aucun témoignage venant d’élèves ou de membres du foyer de Courset, sa présidente, Charline Delporte, a été contactée au sujet du Foyer de charité de Châteauneuf-de- Galaure (Drôme). Un homme lui a rapporté qu’en attendant de devenir prêtre il faisait office de comptable, veilleur de nuit et enseignant pour l’école, mais reversait tout son salaire aux « oeuvres ». Malgré ce dévouement, il y a subi des séances « d’humiliations publiques et de pressions morales et psychologiques ».
Pour la présidente du Caffes, « on retrouve, dans ce témoignage, une notion d’emprise morale et financière, et de manipulation ».
Interrogé par la Voix du Nord, Bertrand Lebas, directeur du collège Sainte-Odile au Foyer de Courset, dit avoir invité les anciens élèves à prendre contact avec la cellule d’écoute mise en place l’école.
(Source : La Voix du Nord, 16.02.2021)
Lire sur le site de l’Unadfi :
Série d’abus au sein des Foyers de Charité : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/serie-dabus-au-sein-des-foyers-de-charite/
Foyers de Charité / La série noire continue pour les communautés nouvelles : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/foyers-de-charite-la-serie-noire-continue-pour-les-communautes-nouvelles/