QAnon et dissonance cognitive

La non réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis pourrait sonner comme un coup d’arrêt pour les discours complotistes de QAnon. Pourtant, il n’est pas rare que lorsque des prédictions ne se réalisent pas les adeptes continuent de suivre un mouvement. En cause : la dissonance cognitive.

En 1956, trois psychologues américains, Leon Festinger, Henry Riecken, et Stanley Schachter ont cherché à analyser comment des individus réagissaient suite à l’échec ou à la réfutation d’une croyance à laquelle ils adhéraient fortement. Pour cela, ils ont suivi et étudié un groupe aux croyances ufologiques et apocalyptiques. La gourelle de ce groupe avait prédit une fin du monde imminente mais rien ne s’est produit. Elle a alors annoncé avoir reçu un nouveau message des extraterrestres lui indiquant que grâce à leur foi, le monde avait été épargné. Le groupe s’est montré encore plus convaincu et encore plus prosélyte réussissant à persuader de nouveaux adeptes de le rejoindre.

Cette étude a permis à Leon Festinger de montrer un cas de dissonance cognitive qui se produit lorsque les croyances entrent en contradiction avec les faits. Ce phénomène entraîne une tension mentale qu’il faut réduire à tout prix, quitte à réinterpréter la réalité. Dans le cas de QAnon, malgré l’échec de la réélection de Donald Trump les adeptes ne devraient pas disparaitre et leur vision complotiste du monde solidement ancrée chez certains va rester la même. Certains fidèles appellent à être patient et d’autres inventent des nouvelles théories pour expliquer le départ de Donald Trump de la présidence afin de réduire leur dissonance cognitive. Si tous ne croient pas au même degré les théories du groupe certains pourraient se rapprocher d’autres groupes, et de nouveaux groupes « filiales » de QAnon pourraient voir le jour. Certains experts alertent sur le fait que la chute de QAnon pourrait être plus dangereuse que le groupe lui-même. En effet, ils ont déjà constaté que des groupes extrémistes et notamment néonazis tentent et recrutent des membres déçus de QAnon.

(Sources : Unadfi & Le Figaro, 05.02.2021)

Lire sur le site de l’Unadfi à propos de la dissonance cognitive : https://www.unadfi.org/wp-content/uploads/2016/04/La-dissonance-cognitive.pdf

 

  • Auteur : Unadfi