Daniel Blanchard fondateur du mouvement La Famille de Nazareth1 a été mis en examen et placé en détention provisoire en juin 2023 pour des faits d’abus de faiblesse, de violences et de viols. Deux complices membres de l’organisation sont aussi poursuivis.
Une enquête préliminaire a été lancée par le parquet d’Evry à la suite du suicide d’une femme après sa participation à un pèlerinage dans une structure de la Famille de Nazareth en Normandie. Alors qu’elle était « psychologiquement fragile » on l’aurait dissuadée de suivre une thérapie à l’hôpital. A la suite de ce suicide, son mari a déposé plainte et la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a effectué un signalement au parquet. Ces éléments ont conduit à l’ouverture d’une enquête.
La justice a recensé six victimes qui ont été sous l’emprise psychologique du groupe et de son leader. Elles ont fait état de violences physiques et sexuelles et notamment de viols. Ils ont témoigné d’un isolement progressif par rapport à leur entourage avec toujours plus de temps consacré au groupe et l’instauration d’un climat de peur. Les adeptes passaient la plupart de leur temps au sein du groupe à des prières ou à des séances de psychanalyse individuelle ou collective. Ils ont versé des sommes d’argent régulières à la Famille de Nazareth par l’intermédiaire de dons, de frais d’adhésion, des séances de psychanalyse ou achats d’ouvrages. Grâce à ces avancées juridiques, d’autres victimes pourraient se manifester.
Daniel Blanchard prétendait pouvoir guérir de nombreuses maladies psychiatriques, dispensait des séances de thérapie et formait des futurs « psychanalystes » selon ses méthodes. Il inventait des concepts et les personnes suivant ses thérapies pouvaient devenir instructeurs et recevoir un diplôme de la part du gourou. Les thérapies organisées par le groupe enfreignaient de nombreuses règles déontologiques : aucune confidentialité, utilisation des dires des adeptes pour les humilier et les manipuler. Un adepte raconte la difficulté des séances collectives qui étaient ponctuées d’attaques, d’humiliations et de révélations publiques. Le témoin raconte aussi comment lors d’une séance avec l’une des adjointes de Daniel Blanchard, concernant ses « rapports aux femmes », il s’est retrouvé dans l’obligation d’avoir un rapport sexuel avec elle. Marie Drilhon, présidente de l’ADFI Yvelines rappelle que la plupart des adeptes sont entrés dans le groupe « parce qu’ils cherchaient un traitement psychologique ».
Dans un article du Parisien, un témoin parle aussi du discours « profondément homophobe » asséné de façon régulière par le gourou. Dans son livre La caresse qui claque, Solène Guilhot qui a grandi dans le mouvement a témoigné des violences qu’elle a vues et subies de la part de Daniel Blanchard. Elle raconte que personne ne réagit face à ces violences car tout le monde est sous emprise. Solène s’est portée partie civile.
((Sources : BFM TV, 13.07.2022 & Ouest France, 13.07.2023 & Paris Normandie, 13.07.2023 & Le Parisien, 23.08.2023)
- Pour rappel, La Famille de Nazareth a été fondée en 1979 par Daniel Blanchard ainsi que l’Atelier de Psychanalyse Existentielle. Le mouvement réunit une école de psychanalyse et une communauté religieuse catholique non reconnue par l’Eglise. Lire sur le site de l’Unadfi : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/que-sait-on-de-la-famille-de-nazareth-et-l-atelier-de-psychanalyse-existentielle/