HISTORIQUE
Né d’une famille paysanne normande, le 29 mai 1940, à Lonlay-le-Tesson (Orne), Daniel Blanchard, après deux années passées au grand séminaire de Sées et son service militaire en Algérie et, entre chez les Bénédictins de Solesmes, en 1963. En 1965 il prononce ses voeux temporaires qu’il ne renouvellera que pour six mois, et quittera définitivement l’Abbaye.
En 1968 il est en Suisse où il poursuit des études de théologie à Fribourg. C’est là qu’il crée, en 1969 – la Commune de Nazareth-, le rêve de sa vie contre lequel s’étaient prononcés tous ses supérieurs ecclésiastiques ou religieux: – être le fondateur d’une communauté religieuse de laïcs.
Vers les années 1976-1977, il entre en analyse avec une analyste jungienne pendant six mois. Il entreprend une nouvelle analyse avec un analyste freudien qui se suicide.
En 1978, sur l’interrogation d’une psychologue : comment peut-on unir psychologie et religion ? – il répond : -tu adores le curé, tu adores l’analyste, c’est tout pareil !-et en avril 1979, il met en place – des groupes d’évolution et d’analyse existentielle – 8 rue Henri Regnault . 75014 Paris).
Le 11 décembre 1979, il crée – l’Institut de psychanalyse existentielle – ( statuts de l’association déposés à la Préfecture de Police de Paris).
De 1980 à 1984 sont fondées plusieurs associations – La Commune de Nazareth -(communauté religieuse), – La Rose et les Blés – (chargée de diffuser la pensée du groupe), – Le Torrent de la Grappe- (responsable des activités culturelles). Ces associations, avec -l’Institut d’Analyse et de Psychologie Existentielle- sont réunies au sein d’un syndicat convivial – (organe de coordination et de gestion financière). En 1984, D.Blanchard fonde l’A.P.E – l’Atelier de Psychanalyse Existentielle – (qui a pour but de former et d’agréer les psychanalystes).
DOCTRINE
Daniel Blanchard est donc le fondateur d’une Ecole de Psychanalyse et le fondateur d’une Communauté Religieuse.
La théorie psychanalytique de D.Blanchard, comme sa formation d’ailleurs, paraît pour le moins confuse.
Ses références sont très diverses : Freud, Lacan, Frankl, Jung, Adler, Binswanger, Mélanie Klein, Moreno, Reich, Janov, Sartre… Il invente des concepts que l’on ne trouve nulle part ailleurs, utilise des notions comme – le sous-moi – , par allusion au – sur-moi – freudien, la schizonoïdie… Le langage est flou. Les notions classiques, personnelles, spirituelles sont mélangées. Il commet de grossières erreurs, comme, par exemple, d’affirmer que la paranoïa est une perversion, alors qu’elle est une psychose.
La pratique psychanalytique de D.Blanchard ne respecte pas les règles élémentaires de la psychanalyse
Il n’observe pas la neutralité bienveillante requise de tout psychanalyste, au nom de sa pédagogie et de sa -synagogie-, il pratique avec les mêmes patients, les techniques de face-à-face (divan, rencontre conjugale ou même familiale, travail en groupe, -carrés symboliques- repas thérapeutiques, échanges téléphoniques, échanges de lettres…)
En exprimant spontanément et souvent véhémentement ses sentiments à l’égard de ses patients, il interprète – sauvagement – c’est à dire qu’il ne leur laisse pas la possibilité de faire librement des -associations d’idées- alors que celles-ci sont nécessaires pour laisser deviner l’inconscient.
Le secret professionnel absolu qui s’impose à tout analyste n’existe pas pour Daniel Blanchard. Il publie d’ailleurs et vend les lettres de ses patients et ses propres réponses dans une collection intitulée -Lettres aus Amis – qui comprend une dizaine de tomes : – Le Chant de l’Existence -(1980), – Le Champ de l’Espérance – (1981), – Les Chantiers de Conscience – (1982), – Partage des Sentiments – (1983), -Ouverture à l’Amour – (1984), – Honneur et Raison – (1984), – Le Joug Amoureux – (1985), -La Liberté de Dire – (1985), etc. (Prix du tome 1 à 5 : 250 F, Tome 5 : 280F, Tome 6 : 300F).
Le – mélange des rôles – est contraire à la pratique psychanalytique. Or D. Blanchard joue le rôle de psychanalyste, d’ami, de thérapeute de couple, de groupe, de famille, et ceci pour les mêmes personnes. Il est à la fois analyste et analysant, n’hésitant pas à parler de sa vie intime, interprétant ses propres rêves devant ses patients, notamment quand ceux-ci y jouent un rôle, alors que selon – la règle de l’asepsie -, le patient doit tout ignorer de l’origine ou de la vie de son analyste. En ne leur permettant pas de faire la différence entre leur vie fantastique et leur vie réelle, Daniel Blanchard risque de faire délirer ses patients, ce qui est d’ailleurs arrivé plus d’une fois.
Enfin, D. Blanchard est à la fois, en même temps, et pour les mêmes personnes le fondateur de l’Atelier de Psychanalyse Existentielle et le fondateur de la Famille de Nazareth, le psychothérapeute et le guide ou le directeur spirituel.
La » Famille de Nazareth » est une communauté spirituelle de laïcs qui n’est pas reconnue par l’Église catholique. Elle s’est dotée d’un support légal: » La Commune de Nazareth -, association toi 1901, dont les statuts ont été déposés à la Préfecture de Police de Paris le 1er mai 1980 (Siège social à l’époque: 8 rue Henri Regnault, 75014 Paris). – La spiritualité de la Famille de Nazareth entend s’inspirer de l’exemple de la – Sainte Famille – (Jésus, Marie et joseph, les modèles, les guides et les protecteurs) et faire vivre à ses membres un esprit de prière, une vie d’humilité, de simplicité et de pauvreté, dans l’ouverture au prochain et le souci de la vérité (corps, âme, esprit).
Cette spiritualité se diversifie en fonction de l’appartenance aux catégories suivantes (du moins dans les projets) :
- les laïcs s’inspirent de la vie cachée de Jésus à Nazareth, vie de famine, vie de travail, vie quotidienne;
- les moines et moniales se consacrent au jeûne et à la prière, comme Jésus au désert;
- les missionnaires ont la charge de porter la Bonne Nouvelle au monde entier ;
- les prêtres et les diacres se configurent au Christ dans sa passion et sa résurrection.
ORGANISATION
La structure du groupe – les » Familles «
La Famille de Nazareth se compose de cinq grandes familles qui se subdivisent, chacune, en trois petites familles portant le nom d’un apôtre, d’un prophète ou d’un saint
- L’Annonce à joseph comprend la famille de Jacques et de Juda et est chargée de l’Orient; la famille de Jude et Issakar, chargée des Indes; la famille Simon et Zabulon, chargée de l’Océanie.
- L’Annonce à Marie comprend la famille de Barthélemy et Ruben, chargée de l’Afrique du Nord ; la famille de Siméon et Mathieu, chargée de l’Afrique de l’Ouest; la famille de Mathias et Gad, chargée de l’Afrique du sud.
- Saint Sauveur comprend la famille d’André et de Nephtali, chargée de l’Europe centrale; la famille de Philippe et Dan, chargée de l’Europe de l’Est; la famille de Thomas et Asaer chargé de la Chine (Tibet, Corée).
- La Sainte Trinité comprend la famille de Jacques et Manassé, chargée de l’Amérique. du Nord; la famille de Jean et Benjamin, chargée de l’Amérique du Sud; la famille de Pierre et Benjamin, chargée de l’Europe de l’Ouest.
- L’Esprit du Père comprend: la famille de Jean-Baptiste et Marie-Madeleine réservée aux serviteurs et servantes de Dieu, la famille de Marie la silencieuse, Abraham et Élie, réservée aux moines et moniales, la famille de Lazare et Marthe, réservée aux missionnaires.
Donc, au total, la Famille de Nazareth se compose de 12 familles de laïcs et de trois familles de consacrés. Chaque famille ne doit pas dépasser dix à quinze personnes.
La structure d’autorité
L’autorité est structurée de la manière suivante:
- le gardien et la gardienne de l’Alliance: à la tête de la Famille de Nazareth se trouve le gardien, élu à vie, qui choisit la gardienne de l’Alliance. Tous deux veillent à la bonne marche de la Famille.
- le gardien et la gardienne de l’unité: à la tête de chacune des cinq familles, ils conseillent et rappellent l’esprit et la finalité des statuts. Désigné par le gardien et la gardienne de l’Alliance, le gardien de l’unité choisit la gardienne de l’unité. le serviteur et la servante de l’unité sont responsables de chaque petite famille et sont élus pour trois ans.
- les six -familiers – qui gouvernent l’ensemble des Petites Familles, élus pour trois ans.
- le serviteur et la servante de l’Alliance qui conduisent et préparent ceux qui font leurs fiançailles à l’Alliance.
Les étapes d’engagement
La Famille de Nazareth se dit ouverte à tous, croyants de toutes confessions ou non croyants. L’engagement s’effectue en trois étapes:
- l’entrée.. après avoir fréquenté la Famille, le postulant est admis à entrer dans la Famille s’il s’engage: à respecter les conditions fixées. Il est accueilli au cours d’une fête.
- les fiançailles : elles marquent l’engagement ferme dans la Famille.
- l’Alliance : c’est l’engagement à vie: le mariage avec la Famille.
ACTIVITES
Les activités des membres de la Famille sont :
- chaque jour: prière et/ou eucharistie,
- chaque semaine : groupe de prière,
- chaque quinzaine: mise en commun,
- chaque mois un dimanche réservé à la culture de la foi,
- chaque année: une retraite obligatoire à laquelle viennent s’ajouter des récollections,
- les Fêtes où toute, la Famille se rassemble : Noël, la Présentation de Jésus, St Joseph, N.D. du Mont Carmel, la Croix, le Christ-Roi et surtout la grande fête annuelle Maranatha, le 25 juin.
- le festival, etc.
A ces activités religieuses de la Famille de Nazareth, viennent s’ajouter celles qui dépendent de l’A.P.E. (beaucoup d’adeptes appartenant aux deux associations): une psychanalyse deux fois par semaine, les groupes d’analyse existentielle, une fois par mois, les conférences mensuelles, le cycle de formation, sans compter les nombreuses réunions des différentes associations: le Torrent de la Grappe, la Rose et les Blés, le Syndicat
LES FINANCES
Les honoraires des séances de psychanalyse individuelles (300 F) ou en groupe (1,000 F) constituent l’essentiel des ressources du groupe. Mais sil’on sait que D, Blanchard assure, environ, 60 consultations individuelles par mois(60 rue Blomet, 75015 Paris ou à Saint-Aubin) auxquelles il faut ajouter les séances en province et anime les séances de groupe qui comprennent de 20 à 25 personnes qui se réunissent une fois pas mois, on comprend que le fisc se soit intéressé à cette situation financière et ait ordonné un redressement fiscal important.
De plus les analysants de D. Blanchard qui ont obtenu de lui un diplôme de psychanalyste ont ouvert un cabinet de psychanalyste et versent une redevance à la maison-mère.
LES DANGERS
On a déjà noté que psychiatres ou psychologues ont condamné la confusion des rôles du psychanalyste et du directeur spirituel qui confèrent à D. Blanchard la toute-puissance d’un leader incontesté.
Ce pouvoir absolu est codifié dans les statuts du – Syndicat Convivial – où il est explicitement déclaré que » le syndic (D. Blanchard) est le garant de l’unité d’action qui reçoit les (tous) pouvoirs nécessaires à cet effet -, qu’il a » autorité et prééminence « , il est plus qu’un coordinateur: il représente le droit commun « . L’attachement inconditionnel au maître obnubile l’esprit critique et suscite une sorte d’asservissement mental. L’utilisation d’expressions sophistiquées, un langage particulier, ésotérique, où l’on capte le – religieux – par des expériences psychiques, utilisant symboles et mythes, altèrent les possibilités de discernement.
L’ambiance du groupe est délétère: conflits permanents, rivalités, délations à l’intérieur, négativité vis-à-vis de l’extérieur: calomnie, attaques, esprit procédurier (cf. le procès en référé (perdu) au Tribunal de Versailles, en 1987, contre Mme Vermander, auteur de » Sectes diablement vôtres « .
Sur le plan catholique, dont ce groupe se réclame, malgré de multiples démarches de la Famille de Nazareth auprès de plusieurs évêques, aucune reconnaissance canonique ne lui a été accordée.
(Source : Bulles n°29, mars 1991)