« Les survivants méritent une reconnaissance plus empathique »

Anke Richter, journaliste et auteure néo-zélandaise (Cult Trip, 2022) spécialisée dans les enquêtes sur les sectes, dénonce des façons de parler de ces phénomènes qui laissent peu de place à la reconnaissance des véritables victimes.

Figure respectée qui a enquêté plus de dix ans sur des communautés controversées comme Glorialvale ou Centrepoint, Anke Richter estime aujourd’hui que « le terme secte est souvent employé à tort dans la presse pour désigner des phénomènes sans lien avec ses véritables implications », comme l’illustre un récent article sur la fermeture d’un fast-food « dont la clientèle était fidèle comme dans une secte » s’indigne-t-elle. Parce que « pour les survivants de ces organisations, ce mot évoque une tout autre réalité, marquée par l’emprise et les traumatismes ».

Des experts estiment que 50 000 Néo-Zélandais ont été ou sont membres de groupes sectaires, qu’il s’agisse des Témoins de Jéhovah, des Frères Exclusifs ou encore de Gloriavale. Si certains chercheurs parlent de « nouveaux mouvements religieux », elle estime que « ces terminologies neutralisent souvent la souffrance vécue par ceux qui y ont grandi ». Le phénomène, largement banalisé dans la culture populaire à travers des séries documentaires ou des podcasts, « tend à privilégier le sensationnalisme, laissant peu de place à la reconnaissance des véritables victimes » ajoute-t-elle.

Elle salue « les initiatives comme la Decult Conference ou des productions documentaires, telles que Heaven and Hell, qui ouvrent un espace de discussion plus nuancé et humain ». Comme elle, des voix commencent à s’élever pour dénoncer « des médias teintés de voyeurisme » et appellent à « une reconnaissance plus empathique des survivants ». 

(Source : RNZ News, 03.10.2024)

  • Auteur : Unadfi