Du chamanisme au néo-chamanisme

Peut-on encore parler de chamanisme aujourd’hui ? L’anthropologue Roberte Hamayon revient sur l’histoire du chamanisme et sa survivance dans le monde occidental actuel.

Historiquement, le chamanisme apparaît en Europe au tournant du XVIIe et du XVIIIe siècle, chez les Toungouses qui vivent de la chasse et de l’élevage de rennes en Sibérie occidentale. Le terme de « shaman » désigne alors un spécialiste de rituel qui est vu par les russes comme « un serviteur du diable ». Par la suite, les Lumières dénonceront un imposteur qui exploite la crédulité des siens.

A partir des années 1960, le chamanisme devient une construction occidentale, mis en lumière avec la sortie aux États-Unis des livres de Mircea Eliade et de Carlos Castaneda. Dans l’un de ses ouvrages, Mircea Eliade considère le chamanisme comme le « voyage d’un spécialiste à la recherche d’âmes ». Ces auteurs mettront en avant l’idée d’une quête spirituelle dans une époque marquée par le déclin des grandes religions, la décolonisation, le début de la vague écologiste ainsi que la percée du New Age. Mircea Eliade idéalisera le chaman comme une personne vivant l’expérience religieuse à l’état brut et capable de guérir autrui.

Roberte Hamayon cite également l’anthropologue Michael Harner qui a créé un néo chamanisme pour occidentaux sans référence aux sibériens ou aux indiens d’Amérique, sous le nom de core chamanism ou « chamanisme essentiel ». Il a fondé, dans les années 1980, la Foundation For Shamanic Studies qui s’étendra partout en Occident. Michael Harner profitera de la chute de l’Union Soviétique pour se rendre en Sibérie avec l’intention de réapprendre aux autochtones leur chamanisme…

Aujourd’hui le chamanisme répond à des demandes émanant de particuliers rétribuant directement le chaman. Les demandes adressées à un chaman concernent toujours quelque chose qu’on ne peut obtenir qu’avec de la chance. Le chamanisme attire nos contemporains par l’absence d’obéissance et de dogme. On ne se met pas à genoux devant un dieu, on essaye d’obtenir un maximum des esprits avec lesquels on pense être en relation.

(Sources : The Conversation, 06.03.2017 &Libération, 08.03.2017)

Lire sur le site de l’UNADFI :
 

-Le chamanisme traditionnel (1ère partie) : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/le-chamanisme-traditionnel-1ere-partie/
 

-Le chamanisme est-il une médecine ? (2ème partie) : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/le-chamanisme-est-il-une-medecine-2eme-partie/
 

-Le néochamanisme contemporain (3ème partie) : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/le-neochamanisme-contemporain-3eme-partie/