Arrêtés en Colombie au mois d’août, Mark Grenon, l’actuel dirigeant de Genesis II Church of Health and Healing, et l’un de ses fils sont en attente d’extradition vers les Etats-Unis. Ils sont poursuivis pour avoir vendu du MMS (Miracle Mineral Solution), un prétendu remède à base de chlore, dont la distribution est interdite depuis le mois d’avril. Le pseudo médicament serait soupçonné d’avoir causé le décès de sept personnes aux États-Unis.
Le MMS est promu par l’Église Genesis II, une organisation fondée par l’américain Jim Humble, un ancien scientologue autrefois chercheur d’or. Répandus dans le monde entier, l’Église et son produit miracle n’ont jamais connu autant de succès que depuis le début de la crise sanitaire. Si bien que les ventes de MMS auraient atteint 120 000 dollars par mois.
Organisée comme une véritable Église, avec des évêques et des ministres de santé le groupe comptait plus de 1700 dans le monde en 2016. A l’heure actuelle, le Chili en compterait plus de 200. Censés vendre le MMS, les ministres de santé sont formés au cours d’un séminaire de dix jours au terme duquel ils reçoivent la permission d’ouvrir une église locale.
Selon ses promoteurs, le MMS pourrait guérir « presque toutes les maladies », du cancer à la sclérose en plaque en passant par l’autisme. Ils ont profité de la pandémie mondiale de Covid pour le proposer comme traitement, osant même écrire au président américain Donald Trump qui, en avril dernier, avait évoqué l’idée de le proposer en injection contre la Covid, avant de se rétracter.
Pourtant les effets délétères de l’ingrédient principal du produit, le chlorite de sodium, sont bien connus. En août 2019, un avertissement déconseillant sa consommation avait été publié ; il prévenait que le produit pouvait causer vomissements, diarrhée et baisse de la pression artérielle.
Début juillet, Mark Grenon et ses trois fils ont été inculpés par les autorités fédérales de Floride. Déjà en avril, elles leur avaient ordonnés de cesser de vendre la substance, son usage médical pouvant mettre en danger la vie de ses utilisateurs.
Les quatre hommes, « accusés de complot et d’outrage criminel pour avoir fabriquer et vendu du MMS », risquent entre 14 et 17 ans de prison. Aucune étude clinique sérieuse ne confirme l’efficacité du MMS. En avril, une injonction avait été émise contre l’Église pour avoir distribué la solution, suite à des rapports faisant état d’hospitalisations liées à son ingestion.
Le bureau du procureur suspecte Grenon d’avoir créé une Église uniquement dans le but d’éviter la réglementation gouvernementale sur le MMS. Ce qu’il aurait lui-même reconnu dans une interview publiée en février 2020, expliquant qu’il avait fait de l’utilisation du MMS un sacrement afin de « légaliser en quelque sorte l’utilisation du MMS ».
Se plaignant de voir leurs libertés et leur droits attaqués, les Grenon ont lancé un site web Freethegrenons. com pour récolter de l’argent pour leurs frais de justice.
(Sources : The Guardian, 08.07.2020, 12.08.2020, Kutv, 13.08.2020)