Fondée en 1968, dans le Tamil Nadu, en Inde, par la Française Mirra Alfassa, Auroville se voulait une cité alternative basée sur l’harmonie et la spiritualité. Sous la coupe d’une nouvelle dirigeante, nommée par les nationalistes hindous,  ce projet se transforme aujourd’hui en régime autoritaire.

A proximité de Pondichéry, Auroville s’étend sur 20 km. Fondée par Mirra Alfassa, une Française proche du philosophe indien Sri Aurobindo, cette cité qualifiée d’utopique par certains, se veut une ville alternative guidée par une quête de liberté et de spiritualité. Depuis 1968, elle a attiré quelque 3 500 résidents qui s’investissent dans diverses activités (architecture écologique, centre de méditation, entreprises de recyclage, de textile ou encore de reforestation) et emploient de nombreux locaux. Mais depuis 2021, l’harmonie se fissure et un vent de fronde gronde. En cause : Jayanti Ravi, la nouvelle dirigeante de la fondation, nommée par le gouvernement indien. Cette dernière a décidé de faire construire une route de 20 mètres de large, qui passera au cœur des plantations et constructions actuelles, l’objectif étant de faire d’Auroville une métropole pouvant accueillir 50 000 habitants. Les Aurovilliens s’y opposent, l’accusant d’autoritarisme et de saccage écologique. Un trafic de terrains au profit de promoteurs a également été dénoncé. Jayanti Ravi n’en a que faire. Elle a mis la main sur les organes de gouvernance d’Auroville (autrefois représentatifs des habitants), des étrangers dissidents ont été expulsés (dont Satprem Maïni, figure historique de la cité qui dirigeait l’Institut de la terre) et d’autres subissent chantage et pressions. Saisi par les habitants, le tribunal environnemental indien avait ordonné l’arrêt des travaux. La Cour suprême est revenue sur cette décision et l’abattage des arbres, dont une partie avait été plantée dans le cadre d’un projet financé par la Commission européenne, a redoublé…. 

(Source : Ouest-France, 10.01.2024)