Lors d’un épisode du jeu télévisé Slam, une participante a été invitée par Cyril Féraud à présenter sa pratique de réflexologue plantaire. L’extrait a été signalé à l’Arcom (Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique).
Cette séquence du jeu télévisé a fait réagir sur les réseaux sociaux, et pour cause : l’animateur du jeu, Cyril Féraud, multiplie les questions à l’égard d’une participante sur son activité en réflexologie plantaire. Plus préoccupant encore, le présentateur valorise cette pratique en opposition à la médecine conventionnelle, en se demandant si, plutôt que de « se bourrer de médicaments, il suffirait d’appuyer sur des zones précises du pied » pour soulager des douleurs. Après avoir signalé l’extrait à l’Arcom, un internaute a publié le passage concerné sur le réseau social X (ex-Twitter), qui a depuis été massivement partagé.
Interrogé, Bruno Falissard, qui mène des recherches sur l’évaluation des soins non conventionnels, rappelle que la réflexologie ne repose pas sur des bases théoriques plausibles. De fait, le médecin Edzard Ernst, expert des PSNC, a réalisé une méta-analyse visant à faire le point sur la littérature existant sur la réflexologie. Selon lui, plusieurs articles, pourtant de bonne qualité méthodologique, ont échoué à démontrer l’efficacité de la réflexologie plantaire. Nicolas Pinsault, dont les travaux portent notamment sur les effets contextuels, souligne que dans cette pratique, il est impossible de distinguer le bénéfice dû à la pratique des bénéfices liés à l’effet placebo. Il rappelle également que plusieurs signaux d’alerte doivent susciter la vigilance, comme le manque d’études parvenant à démontrer l’efficacité de la réflexologie, ou le fait que cette pratique aurait été découverte de manière épiphanique. De plus, la théorie sur la réflexologie n’a pas évolué depuis sa fondation, alors que les pratiques scientifiques s’enrichissent et se précisent à mesure des progrès des connaissances. Dernier point, la réflexologie n’est pas une pratique réglementée : elle peut être exercée par n’importe qui, sans formation médicale préalable. Dans ce contexte, des risques peuvent être associés au recours à la réflexologie, comme le retard diagnostic en cas de maladie grave.
Par ailleurs, cette séquence semble présenter les PSNC comme une alternative viable aux traitements médicamenteux, sans informer l’audience des données existantes sur la réflexologie. Le présentateur, dont le discours peut faire autorité auprès des téléspectateurs, participe donc à la légitimation d’une pratique qui n’a pourtant pu faire la preuve de son efficacité.
(Source : 20 minutes, 01.01.2024)