Reconversion pas très professionnelle

Le 20 février 2020 Envoyé spécial s’est penché sur le marché des pratiques de soins non-conventionnelles. Dans le reportage intitulé « Médecine alternatives : bon plans ou charlatans ? » la journaliste Elisa Jadot a plus particulièrement enquêté sur le sérieux des diverses formations proposées dans ce secteur.

Pour les besoins de son investigation, elle s’est rendue à une séance d’Access Bars chez une praticienne certifiée par Access Consciousness, la maison mère américaine qui gère la méthode créée par Gary Douglas, un proche de la Scientologie, puis s’est inscrite à une formation pour devenir thérapeute.

Pour cette formation d’une journée à l’issue de laquelle, diplôme en poche, elle pourra prétendre traiter des patients avec la méthode, elle a déboursé 450 euros.

La méthode consiste à stimuler les Bars, points énergétiques situés sur la tête. La séance de formation commence par la récitation d’une série de mot anglais sans aucun sens : « Right and wrong, good and bad, poc and pod, all nine, shorts, boys and beyond ». Cette formule magique est une mise en condition nécessaire pour « débloquer le cerveau » du praticien et le libérer de ses préjugés. S’en suit « l’exercice du thymus » dont la finalité est de se reconnecter avec l’univers. Ensuite la formatrice poursuit par la lecture du « manuel » et en particulier de la partie consacrée à BHCEEMCS (prononcé Bécamex) sorte d’entité démoniaque qu’il faut exorciser pour en contrecarrer l’influence négative sur la personnalité.

Après toutes ces étapes de préparation, la formation à proprement parler peut commencer. Les élèves vont apprendre à apposer leur doigt sur différentes parties du crâne pour stimuler des processus de guérison. Elise Jadot apprend par exemple à stimuler le « toaster du vieillissement », un point qui permet de travailler sur le concept de vieillissement, une simple croyance selon la formatrice. Au bout de sept heures la journaliste obtient son diplôme.

Au cours de son enquête elle découvre que l’Access Bars figure au catalogue des formations proposées par Pôle emploi et peut donc être financée en totalité ou en partie par ce dernier. Reiki, lithothérapie, magnétisme thérapeutique, hypnose, Elisa Jadot a recensé près de 10 000 formations en « médecine alternative » sur le site de Pôle emploi. Toutes les demandes ne sont pas acceptées, mais les formateurs confirment qu’ils ont des stagiaires financés, parfois à hauteur de plusieurs milliers d’euros, par Pôle emploi. Certains d’entre eux expliquent même comment tromper l’organisme public en mentant sur les objectifs de la formation pour en obtenir le financement. 

Interrogée à ce sujet, la directrice adjointe de Pôle emploi affirme que « ces formations très peu nombreuses, respectent les critères réglementaires de sécurité ou de qualification. Elles sont donc légales ».

Une autre partie du reportage d’Elisa Jadot avait pour objet d’alerter sur le danger des concepts pseudo médicaux promus par Thierry Casasnovas sur Youtube. Elle a assisté à l’un des stages Régénère animé par le gourou du tout cru. Devant les caméras « l’expert en santé naturelle », ancien boulanger qui aurait aussi suivi des études en physique, affirme qu’il ne conseille jamais d’arrêter les traitements médicamenteux. Mais filmé en caméra cachée par un journaliste se faisant passer pour un patient atteint d’une maladie intestinale pouvant mener à un cancer, son discours est tout autre : il soutient que les médecins usent de la peur pour vendre aux patients des traitements dont ils n’ont pas besoin…

Pour son dernier sujet, Elisa Jadot s’est rendue chez Maryse Saksik, l’épouse d’un homme qui a suivi les recommandations d’un thérapeute pour soigner son cancer dont l’issue a été fatale. Claude Saksik un fervent adepte de la Biologie Totale, a abandonné sa chimiothérapie au profit de la méthode de soin psychothérapeutique conçue par Claude Sabbah qui promettait un taux de réussite de 100%. Poursuivi pour abus de faiblesse et homicide involontaire, Claude Sabbah a finalement été condamné en 2015, en première instance, à deux ans de prison ferme pour publicité mensongère.

(Sources : France TV Info, 19.02.2020 & 20.02.2020)

Voir le replay : https://www.francetvinfo.fr/societe/video-medecines-alternatives-bons-plans-ou-charlatans_3830031.html

  • Auteur : Unadfi