De la France au Québec, regain de popularité de la lithothérapie

La lithothérapie, cette pratique aux origines New-Age prêtant des vertus thérapeutiques aux minéraux, connaît depuis quelque temps un regain de popularité, en particulier chez les plus jeunes.

Cette pratique non validée scientifiquement est particulièrement populaire sur les réseaux sociaux. Sur Tik Tok, les vidéos prônant les bienfaits de la lithothérapie pullulent, pour le plus grand bonheur des internautes en quête d’apaisement et de bien-être. La lithothérapie est même promue par des influenceurs et influenceuses à l’audience massive, comme SilentJill (près d’un million d’abonnés sur Tik Tok). Toutefois, ces contenus potentiellement frauduleux sont généralement publiés sans aucune vérification scientifique préalable ou alerte quelconque.

Cet engouement virtuel se matérialise par l’essor du commerce de pierres ou bijoux ; vendus une dizaine d’euros pièce, ces objets sont même accessibles aux jeunes au budget plus restreint. Le choix s’oriente donc en fonction des vertus prétendues du minéral : meilleure connexion aux émotions, blocage des pensées négatives…

Des adolescents témoignent ainsi avoir été convaincus par des vidéos postées sur Tik Tok qui prônaient les pouvoirs thérapeutiques de certaines pierres. Parmi celles-ci, l’aventurine pour diminuer ses cicatrices d’acné ou la citrine, qui favoriserait la réussite aux examens.

La popularité de la lithothérapie suit une trajectoire similaire à celle d’autres pratiques ésotériques, comme la sorcellerie et l’astrologie, qui connaissent un regain de popularité chez les adolescents et les jeunes adultes. Au-delà de l’aura de mystère associée à l’esthétisme des cristaux, les plus jeunes seraient plus enclins à adhérer à ce type de croyances par manque de recul ou de culture scientifique. Romy Sauvayre, sociologue des sciences et des croyances à l’Université Clermont-Auvergne, explique que la croyance s’installe après une phase d’expérimentation, durant laquelle toute preuve individuelle d’efficacité valide la pratique auprès de l’adepte.

Les personnes interrogées semblent toutefois partagées sur l’efficacité réelle de la lithothérapie. Si certains nient en bloc tout possible effet placebo, d’autres admettent que l’autopersuasion joue probablement un grand rôle dans les bénéfices ressentis.

L’essor actuel de la lithothérapie ne se limite pas à l’Hexagone : des livres québécois sur les cristaux de guérison véhiculent ainsi des propos « dangereux » à propos de supposées vertus médicales. Ces ouvrages prétendent par exemple que certaines pierres auraient des effets similaires à ceux des antibiotiques. Ils proposent également des recettes pour enfants composées d’eau et d’alcool… En invitant même les écoliers à consommer l’élixir alcoolisé en classe pour régler leurs difficultés scolaires.

Sébastien Perron, auteur du livre Ton médecin ne te guérira pas, insiste sur la nécessité de questionner les motivations des auteurs de ces livres. Concernant les ouvrages incriminés, ils sont rédigés par un groupe d’auteurs anonymes, Le Groupe des 5, dont la maison d’édition est située à la même adresse qu’une boutique de pierres et un centre de soins et de formation en lithothérapie.

Si les effets de la lithothérapie sont vraisemblablement à attribuer à l’effet placebo, cette pratique n’est pas dénuée de risques. Certaines personnes en quête de bien-être ou de guérison peuvent être dans des situations de vulnérabilité importante, qui favorise de multiples dérives, comme l’abandon des traitements conventionnels et la rupture avec la médecine en faveur des cristaux.  

(Sources : Journal de Montréal, 06.10.2023, Le Parisien, 12.10.2023)

  • Auteur : Unadfi