L’arrestation au Mexique d’un chaman colombien en possession d’ayahuasca a ravivé le débat sur la préservation des traditions indigènes et la lutte contre le trafic de drogue dans le pays.
L’arrestation au Mexique d’un chaman colombien en possession d’ayahuasca a ravivé le débat sur la préservation des traditions indigènes et la lutte contre le trafic de drogue dans le pays.
L’ayahuasca, concoction à base de lianes des peuples du bassin amazonien, est très controversée : présentée comme « un remède miracle » par certains, elle est considérée comme « un dangereux psychotrope » par d’autres. Dans les villages indigènes de Colombie, 84 % des plus de douze ans ont, selon les chiffres officiels, usé de l’ayahuasca comme médecine traditionnelle.
Claudino Pérez, un guérisseur colombien de 63 ans, a été arrêté à l’aéroport de Mexico, en mars 2022, pour transport illicite de cette boisson ancestrale des peuples amazoniens. Boisson qui contient du diméthyltryptamine (DMT), un composé psychoactif interdit au Mexique. Huit autres personnes, dont des autochtones de Colombie, du Pérou et du Brésil, ont été arrêtées puis relâchées. Après deux ans de détention préventive, Claudino Pérez a finalement été libéré et a repris ses cérémonies dans la périphérie de Bogota. Le juge a prononcé un non-lieu, allant contre les réquisitions des procureurs qui avaient demandé 25 ans de réclusion.
Développement d’un usage récréatif
Son cas a ouvert un débat sur la préservation des traditions indigènes et la lutte contre le trafic de drogue. Claudino Pérez défend l’usage traditionnel de l’ayahuasca pour traiter des maux physiques et spirituels. Selon lui, « l’interdire est injustifié ». Julian Quintero, de l’ONG Accion técnica social, estime, pour sa part, qu’il est « nécessaire de réglementer ces substances pour éviter leur usage récréatif ». Il souligne l’importance de définir qui peut les utiliser de manière responsable rappelant que ces boissons « sortent des contextes rituels indigènes étant donné l’engouement pour le New-Age, le développement personnel et autres quêtes spirituelles ».
Le Pérou a reconnu l’ayahuasca comme patrimoine immatériel en 2008, développant un tourisme psychédélique autour de cette plante. Les autorités mexicaines n’ont pas souhaité répondre aux sollicitations de l’AFP concernant ces arrestations. Un avis de la Commission des affaires indigènes du Sénat mexicain regrette « l’assimilation de plantes ancestrales à des stupéfiants ».
(Source : AFP, 16.04.2024)