Etats-Unis / L’alimentation dans les mouvements sectaires

Dans les mouvements sectaires, la façon de s’alimenter est souvent dictée par le leader. Les régimes imposés par ces différents groupes varient selon les doctrines mais reflètent le plus souvent la personnalité et les croyances du gourou.

Dans les années 1960, le groupe Synanon, basé en Californie, a été créé par Charles « Chuck » Dederich. À la base, ce centre devait accueillir et abriter des alcooliques. Mais 10 ans plus tard, son activité a évolué en centre de santé. Le groupe s’est mis à interdire cigarettes et sucre. Les membres ont dû également se raser la tête. Ils étaient peu nourris ; d’anciens adeptes évoquent une nourriture dégoutante à base de son et de lait en poudre.
 

Les membres de l’Église de l’Unification, à commencer par son dirigeant le Réverend Sun Myung Moon, mangent quant à eux de la nourriture coréenne lors des grands événements. Mais comme l’explique Teddy Hose, ancien adepte, « les gens dans l’église étaient très soucieux de leur santé et très critiques à l’égard du régime alimentaire américain ». La véritable raison de cette attention particulière portée à leur ligne est que pour Sun Myung Moon, « personne n’aurait l’idée de se marier avec une femme grasse ». 
Jim Baker, leader du groupe The Source Family connu sous le nom de père Yod, est à l’origine du premier restaurant végétarien dans les années 1970 en Californie. Verseau, l’une de ses 14 épouses a affirmé qu’il était « un gourou de la nourriture ». Les membres du mouvement ne mangeaient que des aubergines, des noisettes, des tomates et des pousses de luzerne.
 

D’autres comme Elizabeth Clare Prophet de l’Église universelle et triomphante, imposent des restrictions très spécifiques. Dans une étude(1), Jessie Meikle explique que celle qui prétendait canaliser messages de Jésus et Bouddha « donnait à ses disciples des ordres directs sur ce qu’ils devaient manger, comment ils devaient manger, et même là où ils devaient s’asseoir lorsqu’ils mangeaient ». Elle précise que Elizabeth Clare Prophet avait son propre réfrigérateur rempli de fruits exotiques, de crème glacée et autres aliments qui, pour ses adeptes, étaient proscrits. 
Les consignes alimentaires de Jim Jones à ses disciples du Temple du Peuple pouvaient aller de modérées à sévères. Lorsqu’il était aux États-Unis, il préconisait le soja, censé protéger des retombées atomiques. Mais arrivé en Guyane, il a imposé les céréales et le riz parce qu’ils y étaient moins chers… 
Laura Kohl, ancienne adepte ayant survécu à Jonestown, explique que Jones voulait avant tout que chaque membre soit obnubilé par lui et par rien d’autre y compris la nourriture qui devait être secondaire.
 

Sherwin Harris, qui avait de la famille dans le groupe, se souvient avoir pris un repas dans la communauté. On lui avait servi un repas ordinaire composé de poulet. Mais elle s’est rendu compte que ce repas n’était pas destiné à l’ensemble des membres, d’autres, tendant un bol, attendaient une portion de céréales en guise de déjeuner. 
L’une des formes les plus extrêmes de la restriction alimentaire est le respirianisme. Ses adeptes pensent que les hommes sont capables de vivre sans nourriture.
 

(1) « Imposed Anorexia : A Model of Dietary Restriction in Four Ideological Groups. », Cultic Studies Review, an Internet Journal of Research, New & Opinion, Volume 4, Numéro 1, 2005, page 26.
 

(Source : Munchies.vice.com, Chloe Schildhause, 28.07.2014)