Témoignage d’une ex-adepte de l’église mormonne

La première partie de ce témoignage, relatant l’entrée et la vie dans l’Eglise, est parue dans le n° 92 de Bulles (4ème trimestre 2006).
Cette partie du témoignage aborde la prise de conscience et le chemin vers la sortie d’une ex-adepte du mormonisme.

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Editorial

Nous avons souvent dit et écrit, à la suite de nombreux témoignages reçus par les ADFI, qu’on n’entrait pas dans une secte : le terme a quelque chose de suffisamment péjoratif pour que, volontairement, lucidement, on ne fasse pas cette démarche. On entre dans un mouvement, dans un groupe dont les thèmes de séduction répondent à votre attente, à votre recherche, à vos aspirations du moment. Il est bien évident que si ces organisations sectaires exprimaient clairement leurs objectifs et leurs moyens d’y parvenir, c’est à dire leurs méthodes d’emprise, le phénomène sectaire serait plutôt réduit.

Quels sont donc ces thèmes de séduction et quelles sont les personnes qui y succombent ? Avant tout, les victimes sont des idéalistes animés d’un sentiment de grande générosité, persuadés qu’ils vont œuvrer à l’établissement de la paix dans le monde, à la diffusion de l’amour universel (comme le promet l’Eglise de l’Unification du Révérend Moon, la Méditation Transcendantale, la Fraternité Blanche Universelle, pour ne citer que quelques exemples). D’autres, plus pragmatiques, vont attirer des jeunes dans un mouvement d’aide humanitaire (voir l’article concernant Tvind Humana, dans ce présent numéro).
Bien sûr, certaines organisations affichent des promesses de nature plus égoïste : il s’agit alors de se transformer soi-même, de développer son potentiel. Mais la plupart du temps, on n’oublie pas d’ajouter que cela est une base indispensable à la transformation des autres et de l’humanité, l’altruisme n’ayant pas de limite.

Les personnes séduites, soumises à des techniques d’emprise souvent étudiées dans nos pages, sont persuadées d’accomplir librement tous les sacrifices demandés ; elles abandonnent tout esprit critique et servent ainsi de force de travail au profit de maîtres qu’elles vont enrichir. Certaines même apportent dans ces organisations tous leurs biens et les abandonnent au service d’une cause parée de noblesse.

Ne peut-on parler alors d’une nouvelle forme d’esclavagisme ?

Editorial

Le colloque de la FECRIS, en mars dernier, a une fois de plus démontré que chaque pays européen connaît les mêmes problèmes avec souvent les mêmes groupes. La soumission des membres, obtenue par des techniques de mise sous influence, est à l’origine de milliers de drames qui relèveraient souvent de la justice, mais les victimes, leurs familles et les juges se font souvent abuser par des considérations religieuses, historiques, sociales ou psychanalytiques.

Les magistrats disposent rarement de preuves de l’utilisation de telles techniques, ne connaissent pas d’outils analytiques ou conceptuels pour les obtenir, d’autant que certains universitaires viennent à la barre pour en nier l’existence. Certaines juridictions sont réduites, faute de mieux, à utiliser des lois commerciales pour faire condamner des agissements immoraux (cf. vente frauduleuse de cours payants pour devenir un être supérieur). D’autres fois, des juridictions émettent des sentences lénitives, ou même des acquittements au bénéfice du doute, qui traduisent leur extrême embarras mitigé d’angoisse. Des malfaiteurs en repartent libres… de continuer ; les victimes, elles, attendent de la justice qu’elle remplisse ses missions de protection des individus et de la société. Il est important que des chercheurs universitaires et multidisciplinaires puissent collecter et synthétiser les connaissances sur les « états de sujétion psychologique ou physique résultant de techniques propres à altérer le jugement » (Loi About Picard 12.06.2001), en recenser les exemples avérés, échanger leurs connaissances avec les équipes similaires d’autres pays.

Les législations et les réponses des gouvernements divergent sur la question de dissoudre ou non les groupes avérés néfastes, aussi est-il important que notre pays, ainsi que la Belgique et l’Allemagne, qui disposent d’outils pour interdire les groupes les plus malfaisants et condamner leurs leaders lorsqu’ils doivent l’être, envoient des signaux forts aux autres pays pour que cessent les activités systématiquement destructrices des liens familiaux et sociaux, contraires aux constitutions et aux principes des droits de l’homme. L’exemple pourrait être suivi un jour par d’autres pays moins enclins à légiférer sur ces questions et dont l’esprit des lois fondamentales, basé sur la défense des libertés individuelles, est dévoyé par les mouvements sectaires.

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Bhagwan Rajneesh-Osho (2ème partie)

Shri Rajneesh (1931-1990), un brillant professeur de philosophie, contestant la religion jainiste (hindouiste et rigoriste) de sa famille et attiré par le New Age, a été soutenu et formé par des activistes issus du mouvement Gurdjieff et de l’Institut californien Esalen. Il a attiré en Inde dans son ashram de Poona, des dizaines de milliers d’occidentaux en recherche de spiritualité (« d’illumination ») et de libération sexuelle.
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Editorial

Devant cet inquiétant tableau, nous ne pouvons que nous réjouir que l’année 2007 ait été particulièrement riche des interventions de la FECRIS (Fédération Européenne des Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme) et de l’UNADFI, invités par des organismes européens. Nous rendons compte dans ce numéro de l’essentiel du contenu de certaines interventions :
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Editorial – Bulles N°98

Les responsables de sectes et leurs organisations complices, quand ils ont l’occasion de s’exprimer dans les médias ou à travers leur propre littérature, ont l’habitude de qualifier les membres qui les ont quittés et qui témoignent de leur triste expérience, tout simplement de « mécontents ».

Ces derniers, eux, s’estiment être des victimes trompées, exploitées et abusées par des organisations totalitaires. Il arrive aussi que les sectes, et certains sociologues des religions, aient recours à un vocabulaire religieux et, désignant les victimes, ne parlent plus de mécontents, mais d’apostats ou de renégats, deux termes qui, en effet, se réfèrent à la sphère religieuse et qui évoquent la trahison, le reniement, c’est à dire l’abandon de croyances et d‘une foi jurée.

Devant ces termes qui à une certaine époque (mais aujourd’hui aussi dans certains pays) condamnaient violemment des êtres parjures, nous ne pouvons que nous étonner ; car enfin, les personnes que les ADFI reçoivent, les témoignages que nous entendons, ne parlent pas de croyances. Si on vient chercher compréhension et soutien, c’est pour exprimer une souffrance, mais jamais pour avoir cru aux Thétans, aux Elohims ou autres entités surnaturelles. Nous ne connaissons tout simplement que des victimes de techniques de mise sous influence, de manipulation mentale.

En appui à cette argumentation nous pouvons également affirmer que nous n’avons jamais eu l’occasion de recevoir des plaintes de la part de fidèles qui se sont éloignés de l’Eglise Catholique ou de l’Eglise Réformée par exemple. Nous n’avons jamais rencontré ce genre de « mécontents ». Autrement dit nous ne connaissons que des victimes de sectes et non de religions.

Editorial – Bulles N°99

Nous continuons à informer nos lecteurs, anciens et nouveaux abonnés, sur les structures nationales et internationales qui décrivent le phénomène sectaire avec le souci permanent de mise en garde.

Nous ne présentons plus la MIVILUDES (Mission Interministérielle de VIgilance et de LUtte contre les DErives Sectaires) organisme officiel connu par son rapport annuel remis au Premier Ministre et, récemment, par son guide à l’adresse des collectivités territoriales dont nous rendons compte dans ce numéro.
Dans le même souci d’information, il nous a semblé utile d’exposer les différents moyens dont peut disposer tout citoyen pour alerter les pouvoirs publics quand il a connaissance d’une mise en danger d’un de ses proches, victime d’un groupe sectaire.

Sur le plan international nous avons souvent évoqué l’action de la FECRIS (Fédération Européenne des Centres de Recherche et d’Information sur le Sectarisme) dont l’UNADFI est membre. Son histoire, faite d’efforts renouvelés auprès des instances européennes, nous est relatée ici par sa vice-présidente à l’occasion d’un colloque organisé par des psychologues.
En effet, le danger de manipulation et d’embrigadement est toujours là : le cas de Sri Chinmoy, imposteur notoire se prétendant grand défenseur de la paix mondiale en est un exemple. N’a-t-il pas su convaincre et aveugler même des personnalités politiques et morales comme le décrit l’article qui lui est consacré dans ces pages ?

Les témoignages de victime relatés dans chaque n° de Bulles donnent la mesure de ce danger et nous ont conduits à des analyses approfondies sur la mise en état de sujétion, analyses que nous poursuivons au cours de plusieurs publications.

Si nous insistons sur l’action des structures ci-dessus mentionnées c’est qu’en fait le nombre de personnes aujourd’hui fascinées par les connaissances ésotériques, voire magiques, ne diminue pas.
N’assistons-nous pas actuellement à un phénomène de mode, relayé par les médias : ainsi le chamanisme devient-il l’objet d’une curiosité d’autant plus malsaine qu’il est accompagné de prise de substances qu’on se garde bien de qualifier tout simplement de drogues. Voilà encore un exemple de marché prospère de la crédulité et de la naïveté qui exploite le désir légitime de « développement personnel ».

Editorial

Depuis leur création par des familles touchées de plein fouet par le phénomène sectaire, les ADFI reçoivent quotidiennement les témoignages des dégâts familiaux provoqués par l’emprise sectaire : parents rejetés brutalement sous des prétextes mensongers, conjoint exclu parce qu’il n’adhère pas à une doctrine nouvellement révélée, enfants éloignés de leurs parents pour cause d’influence impure, voire satanique, grands-parents privés des contacts avec leurs petits enfants, etc.

En effet, les mouvements sectaires ou les « maîtres » détenant une vérité révélée exclusive, après avoir subtilement discrédité les liens familiaux, vont imposer à leurs membres des règles de vie rendant ces liens difficiles. C’est ce dont ont voulu témoigner, par leur déclaration collective, des parents ayant un enfant dans le mouvement Solidarité et Progrès ; c’est aussi ce qui a conduit un ancien Témoin de Jéhovah à saisir la justice pour faire reconnaître la discrimination dont il est l’objet de la part de son ancienne congrégation.

La plupart du temps, les proches sont les premiers à s’inquiéter des effets d’une emprise sectaire, et se sentent totalement démunis. Toute la difficulté est, en effet, d’évaluer la gravité de la situation et de trouver la bonne stratégie pour contrer la manipulation dont leur proche est l’objet. Le témoignage d’un père, dont on lira la troisième et dernière partie dans ce numéro, montre que la mobilisation de l’entourage proche, jointe à l’aide de personnes expérimentées peuvent permettre d’éviter la rupture et l’embrigadement.

Mais, le plus souvent, il n’a pas été possible d’arrêter la dérive et la famille va vivre des moments difficiles, se sentant coupable et impuissante. La rencontre avec d’autres personnes vivant les mêmes problèmes, l’aide trouvée auprès des associations et des professionnels compétents, peuvent lui permettre de dépasser ces sentiments pour affronter plus sereinement la situation et être là lorsque, peut-être, l’adepte aura besoin de sa famille.

Editorial

C’est compter sans la difficulté de fournir devant la justice des preuves recevables
de ces abus, difficulté d’autant plus grande que les techniques de communication
et d’influence, largement utilisées dans tous les domaines de la vie publique et privée, ne cessent de gagner en subtilité… et efficacité.
C’est aussi compter sans le pouvoir et la capacité des manipulateurs (groupes ou individus) de rendre très difficile le recours à la justice de la part de leurs « adeptes ».

Il faut beaucoup de courage et de lucidité à une victime pour porter en justice un contentieux avec une de ces sectes qui revendique à son profit le respect des libertés qu’elle dénie à ses adeptes.

Il faut du courage à qui ose attaquer une organisation sectaire financièrement puissante. Pour ne pas perdre, celle-ci mobilise des avocats habiles à faire traîner la procédure, et active ses réseaux pour décourager les témoins, tenter d’influencer les experts -voire les juges, comme le rappelle à propos des USA, l’avocat américain Graham Berry (voir p.9).

Il faut du courage à un ancien adepte pour surmonter ses sentiments de culpabilité
et de honte et affronter la pression morale du groupe et du gourou qui connaît généralement tout de lui. Il court le risque de ne pas être entendu ni compris, un non-lieu pouvant alors représenter pour lui une deuxième peine.

Il faut du courage à un parent désireux de soustraire ses enfants à un embrigadement précoce, de la ténacité aussi, pour se faire entendre sans être accusé d’atteinte à la liberté de croyance (voir p. 3).

Accompagnant familles et ex-adeptes depuis de longues années, nos associations savent combien l’action de la justice est indispensable pour redonner leur dignité aux victimes, pour mettre une limite à la toute puissance des gourous, pour protéger les personnes les plus vulnérables, tout particulièrement les enfants.