Un rituel chamanique tourne au drame

Nacho Vidal, star du porno en Espagne, et deux de ses proches ont été mis en examen pour « homicide par imprudence » pour la mort du photographe de mode José Luis Abad. Ce dernier est décédé d’un infarctus après avoir fumé du « sapito », surnom espagnol d’une substance hallucinogène, la bufoténine, produite par un crapaud nommé Bufo Incilius Alvarius ou Colorado River Toad.

L’affaire n’a été révélée que récemment, mais le décès du photographe était survenu durant l’été 2019 dans la propriété de Nacho Vidal où il avait été invité à participer à un rituel chamanique conduit par un chaman mexicain. Nacho Vidal voulait l’aider à se débarrasser de ses addictions, comme lui-même l’avait été grâce à la prise de la substance consommée pour la première fois en 2017 lors d’un rituel organisé à Nice. Depuis son expérience l’acteur vante les mérites de la substance sur les réseaux sociaux en la présentant comme un produit miracle contre toutes formes d’addiction et organise des cérémonies en Espagne où la consommation du produit, devenu à la mode, n’est pas interdite par la loi.

Mais la substance sécrétée par la peau du crapaud peut produire des effets très dangereux tels que la tachycardie, la perte de conscience qui peuvent parfois conduire à la mort. Selon le chercheur à l’Iceers1 , José Carlos Bouso, « L’expérience psychologique dure jusqu’à 30 minutes et est très puissante. En quelques secondes, il se produit une dissociation complète du corps. Cela peut entrainer le changement de schémas comportementaux. » Et le risque est encore plus important lorsque certains l’associent à l’ayahuasca.

Une jeune femme ayant passé une année dans un groupe chamanique qui organisait des retraites au cours desquelles elle a essayé toutes sortes de psychotropes, confirme le danger de ces pratiques. Venue dans le groupe suite à des problèmes personnels, elle s’est retrouvée piégée mentalement par les effets provoqués par les substances hallucinogènes. Parmi toutes celles qu’elle a consommées, la bufoténine est celle qui a produit l’effet le plus puissant. « Soit vous avez un sentiment d’amour incroyable, soit c’est l’enfer à un niveau où les gens crient et vous demandent de revenir » raconte-t-elle. La prise d’ayahuasca lui a causé des ruptures psychotiques et beaucoup de souffrance. Ces produits censés soigner des problèmes de dépendance entraînent une autre forme d’addiction. Sortie du groupe, elle suit une thérapie. Elle explique, « je veux rouvrir les yeux, sur la terre et sur la réalité, c’est dur après un voyage dans lequel je suis montée assez haut ». Réagissant à l’affaire dans un tweet, Luis Santamaría, de la Red Iberoamericana de Estudio de las Sectas (RIES) espère « que l’événement dépasse l’anecdote, afin que les administrations publiques agissent ».

(Sources : Ries, 03.06.2020, Libération, 04.06.2020, Le Point 17.06.2020 & Ries, 20.06.2020)

1. Centre international de recherche basé à Barcelone qui travaille sur divers psychotropes.

  • Auteur : Unadfi