Un prêtre exorciste sanctionné par l’Église

Suite à des plaintes dénonçant des agissements du père Emmanuel Dumont comme une forme d’emprise psychologique, le prêtre exorciste a été sanctionné par sa hiérarchie en avril 2022. L’affaire n’a été rendue publique qu’en janvier 2024.

Prêtre depuis 1991, le père Emmanuel Dumont a officié à Lyon de 2014 à 2020. L’homme d’église proposait alors des séances d’exorcisme dans une église de La Mulatière, à huis clos, dans son bureau. Des séances que certains ont dénoncées parlant d’emprise psychologique. Le diocèse de Paris et le Dicastère pour le Clergé l’ont sanctionné dès le 26 avril 2022. Il a été interdit « de mener tout accompagnement spirituel individuel, donner tout enseignement sous forme de conférence ou d’entretien de toute forme sur le ministère de guérison et d’exorcisme, publier tout ouvrage sans l’avoir soumis à un censeur et entendre toute confession ». Mais l’affaire n’a été rendue publique, par voie de communiqué, que ce 24 janvier 2024. La justice canonique s’en est expliquée. « Nous avons attendu que toutes les voies de recours soient épuisées ». Une seule plainte pénale a été déposée. Elle a été classée sans suite par le parquet de Lyon.

Faux souvenirs induits

Aucun abus physique n’a été mentionné. Les plaignants décrivent des situations où « le prêtre voulait leur faire remonter de faux souvenirs induits », souvent « des traumatismes sexuels » et son assistante, naturopathe, « qui cherchait, sur leur corps, des marques d’abus commis dans leur enfance ». Cette technique est pointée par la Miviludes dans les processus d’endoctrinement. Face aux signalements qui lui sont remontés, Mgr de Germay, évêque de Lyon a estimé qu’il y avait « dans l’attitude du père Dumont, des ambiguïtés, une spiritualisation exagérée pouvant conduire à une culpabilisation inadaptée et des pratiques imprudentes ». La mise au jour de ces dysfonctionnements l’a conduit à décider « d’une refondation complète de l’équipe d’exorcisme. Nous sommes désormais très attentifs au choix des personnes, à leur formation et à leur supervision ».

Le père Dumont officie désormais à Autun, en Saône-et-Loire, comme simple prêtre, après avoir pratiqué le ministère de délivrance et de guérison intérieure durant 20 ans et en tant qu’exorciste diocésain durant 6 ans. S’il concède « avoir fait des erreurs et pu avoir des incompréhensions », il considère que « la sanction est tombée comme un couperet à la suite d’une enquête bâclée ». Il affirme « ne pas avoir été informé de plaintes, ne pas avoir été entendu par le diocèse et donc ne pas avoir pu se défendre ». Il a déposé un recours à Rome et a vu sa sanction passer de 15 ans à 3 ans. Il pourra donc « récupérer un ministère adapté » en avril 2025. La naturopathe, elle, continue d’organiser des retraites spirituelles en Ile-de-France et en Bourgogne. 

(Sources : France 3 Régions & Le Figaro, 10.02.2024)

  • Auteur : Unadfi