Un groupe sectaire esclavagiste

Shin Ok-ju, dirigeante du groupe apocalyptique de Grace Road Church (Église de la Voie de la Grâce), a été arrêtée dans un aéroport de Corée du Sud avec trois autres leaders du mouvement. Ils sont accusés d’avoir retenu 400 personnes sur les Iles Fidji et de les avoir forcées à se torturer entre elles. Fondée en 2002, la doctrine du groupe repose sur une interprétation de la Bible.


Selon la doctrine de l’église, la péninsule coréenne devait subir en 2014 une apocalypse entrainant une famine. Les 400 adeptes ont quitté familles, emplois et études pour se réfugier aux Fidji afin d’éviter la catastrophe et de préparer la seconde venue de Jésus. Sur place, les passeports des adeptes ont été confisqués afin d’éviter toute évasion. La gourelle a choisi un groupe de personnes appelé « gardiens » pour surveiller l’ensemble des fidèles.

Certains adeptes étaient battus jusqu’au sang par d’autres sous peine de devenir les « cibles de la colère de Dieu ». Selon un témoignage, un adepte serait mort de graves lésions cérébrales après avoir été frappé 600 fois.

En outre, pour se préparer à une famine, les fidèles étaient contraints de travailler dans la plantation ou dans les différentes entreprises de l’église implantées aux Fidji avec l’aide du ministère de l’Agriculture fidjien. Le mouvement s’est étendu dans la société fidjienne en créant une chaine de restaurants, une laverie automatique et une quincaillerie. Il a de plus participé à la reconstruction de plusieurs sites du pays détruits par l’ouragan Winston en 2016.

Le groupe aurait entretenu des relations avec plusieurs ministres du gouvernement fidjien. L’église a obtenu l’année dernière le prix du Premier ministre pour les affaires internationales dans la catégorie des industries primaires. Pourtant dès 2016 l’église méthodiste des Fidji, la plus importante du pays, avait invité ses fidèles à se méfier de ce groupe qu’elle qualifiait de secte.

Selon la presse sud-coréenne, ce sont cinq ex-adeptes parvenus à s’évader qui ont alerté les autorités. Dans un communiqué récent, le groupe nie les allégations contre sa fondatrice et accuse les ex-adeptes de trahison. En 2014, la gourelle avait déjà eu des ennuis avec la justice américaine après avoir voulu soigner une personne malade par la prière. En mai dernier, un dirigeant de la secte a été arrêté à Séoul, soupçonné d’avoir violé au moins sept adeptes.

Pour le professeur Tark Ji-il, expert des sectes coréennes à l’université de Busan (Corée du Sud), cette église était surveillée en Corée. Il constate que, comme dans la plupart des mouvements sectaires coréens, l’obéissance au leader est absolue, l’interprétation de la Bible est erronée et on y annonce le retour prochain de Jésus. Selon l’expert, le rapatriement des adeptes va être difficile car beaucoup ne semblent pas prêt à admettre l’emprise sectaire qui les a réduits à l’esclavage.

(Sources : The Guardian, 01.08.2018 & France-Soir, 02.08.2018 & Radio NZ,14.02.2018)