Un ex-pasteur attaque le mouvement  

Borba, ancien pasteur au sein du Centre d’Accueil Universel (CAU), est le premier pasteur à engager une procédure judiciaire contre l’organisation en France. Avec sa compagne, ils estiment avoir été réduits en esclavage durant leurs 25 années au service du groupe.

Devant les prud’hommes d’Evry (Essonne), le pasteur et sa femme réclament des dommages à hauteur de 600 000 euros pour travail dissimulé, harcèlement moral et manquement à des obligations de sécurité. Lors de l’audience, ils ont raconté le lien de subordination et l’ensemble des contraintes. Du côté du groupe, l’avocat a avancé qu’il s’agissait de bénévolat et que par conséquent cela n’était pas du domaine de compétence des prud’hommes. « S’il n’y a pas de contrat et s’ils sont bénévoles, pourquoi demander une démission ? »  a alors demandé le prédisent du conseil, l’église ayant présenté la lettre de démission signée par le couple.

Le pasteur a officié dans plusieurs églises de l’organisation en région parisienne. Sa femme et lui ont dû travailler de nombreuses heures au sein de ces églises sans vacances ni repos contre un salaire en fin de carrière de 1 800 euros pour eux deux. Le pasteur, originaire du Brésil, a débuté sa carrière en Afrique avant d’arriver en France. Selon lui, petit à petit il s’est soumis au groupe, ne pouvant pas dire non « pour ne pas déplaire à Dieu ». Il a dû subir comme tous les pasteurs du CAU une vasectomie. Les pasteurs peuvent alors se consacrer entièrement à l’église. (Un ancien pasteur brésilien a obtenu la condamnation de l’EURD qui doit financer ses dépenses relatives à une fécondation in vitro à cause de la vasectomie. Cette décision pourrait être un précédent pour de nombreux pasteurs.)

Borba a mis sa santé en danger durant ces années au sein du groupe. Alors qu’il devait subir des opérations à la suite de complications médicales, il devait demander l’autorisation pour s’absenter et se soigner. Sa femme devait elle aussi se conformer aux obligations émises par la direction du groupe. Elle se devait d’être en uniforme et d’accompagner son mari partout, excepté une journée consacrée à la vie du foyer (courses, ménages, lessive). Pour ces rendez-vous médicaux, elle devait être surveillée par une autre femme de pasteur. Le couple n’avait ni carte vitale, ni mutuelle, le groupe payait tout, les logeait et leur fournissait une voiture, contrôlant ainsi toutes leurs activités. Ayant décidé de quitter l’organisation à la fin de 2022, le couple survit aujourd’hui sans indemnités chômage ni aides sociales. Borba devait alors subir une opération de l’épaule mais l’organisation la lui refusait.Le CAU fait l’objet depuis de nombreuses années de signalements auprès de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) qui fait état de « sacrifices financiers » de la part d’adeptes ou encore de perte de chance à la suite de l’abandon de soins. La doctrine du groupe est aussi un élément qui appelle à la vigilance avec notamment le déni de l’égalité des sexes ou encore la diabolisation de l’homosexualité. Le groupe est aussi très prosélyte et n’hésite pas à cibler le jeune public, notamment les mineurs migrants isolés avec sa succursale baptisée Force Jeune universel.

Le délibéré de l’affaire est attendu le 14 septembre. 

(Source : Le Parisien, 27.04.2023)

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  • Auteur : Unadfi