« Sulfureuses Béatitudes »

La Communauté des Béatitudes fondée par Gérard Croissant alias Frère Ephraïm comprend un ensemble de 77 communautés religieuses dispersées dans 30 pays à travers le monde. En France, ses 27 « maisons » (terme utilisé pour désigner chaque communauté) se sont installées dans de « splendides » monastères ou châteaux.

De par son patrimoine et son parc immobilier, les « observatoires internationaux » considèrent la Communauté des Béatitudes comme l’un des plus « importants » mouvements au monde ! Outre les biens immobiliers, il possède en effet des centres de formation, un commerce d’artisanat, des activités de voyage et d’hôtellerie… sans oublier l’organisation de « pélerinages », à Medjugorje en Bosnie (où la Vierge « est censée » apparaître). Pour sa « communication », il dispose d’un « arsenal » : un mensuel, « Feu et Lumière » entièrement « fabriqué par des bénévoles », une revue « Troas », une société d’édition et une société de production… (pour ne citer qu’eux !).
La journaliste du Nouvel Observateur, Marie Lemonnier, a mené une vaste enquête, essayant de percer la personnalité de frère Ephraïm, et de comprendre le fonctionnement de cette communauté. Elle a recueilli des témoignages et interrogé successivement le président de l’Association Vie Religieuse et Familles (AVREF), le président de Psychothérapie Vigilance, Guy Rouquet, ainsi que l’UNADFI qui signale que les familles sont nombreuses à les solliciter mais qu’elles ne peuvent pas porter plainte : leurs enfants sont majeurs ! De graves accusations pèsent pourtant sur certains protagonistes de la communauté des Béatitudes à l’encontre cette fois de mineurs. En 2004, dans un « petit séminaire » créé par la communauté, un prêtre avait été accusé de pédophilie. L’affaire avait abouti à un non-lieu. L’un des garçons qui se disait victime s’était ensuite suicidé ! Un ancien « élève » de l’établissement, « très affecté », témoigne quant à lui d’exorcismes pratiqués sur les élèves « qui montraient le moindre signe s’insoumission ».
 

« Une véritable dérive sectaire »

Catherine Katz, secrétaire générale de la MIVILUDES, affirme que tous les éléments concourent à faire penser que cette communauté est dérivante sur le plan sectaire. Le fait que la justice soit saisie [par Myriam et Pascal Michelena [1] pour « abus de faiblesse » et «travail dissimulé »] lui paraît donc pleinement justifié. Elle déclare en outre que cette communauté fonctionne « comme une société commerciale ».

Source : Le Nouvel Observateur, Marie Lemonnier, 29.03.2007

[1] Les Marchands d’Ames – Enquête au cœur des Béatitudes – Les thérapies chrétiennes en question, Pascal Michelena, Golias 2007