Bienvenue au monastère est la émission de télé-réalité diffusée sur C8. Le principe : des personnalités se retrouvent dans un couvent pour suivre une sorte de retraite. Le problème : la production semble avoir occulté le lourd passé de dérives sectaires des deux communautés mises en avant…
La nouvelle émission de télé-réalité Bienvenue au monastère programmée dès ce mois de janvier, sur C8, fait polémique. Six personnalités ont été conduites dans le couvent catholique de Corbara, en Corse, pour y suivre une sorte de retraite spirituelle. Parmi les participants, on retrouve Clara Morgane (ancienne actrice porno), Delphine Wespiser (ancienne miss France), l’actrice Fabienne Carat ou encore le jeune champion de jeux télévisés, Paul El Kharrat, qui a des racines musulmanes et semble choisi pour offrir ainsi un semblant de pluralisme religieux. La productrice, Chantal Barry, a été aidée pour le casting par Alexia Laroche-Joubert, une figure de la télé-réalité. Proche du milliardaire breton Vincent Bolloré et présidente de la fondation ZeWatchers (qui dit vouloir faire vibrer l’évangile sur les ondes), cette dernière explique avoir choisi le couvent en raison de son cadre magnifique, qui a enchanté la jet-set, nombreux chanteurs, acteurs et politiques y ayant posé leurs bagages. Le programme, quant à lui, est une reprise d’un concept néerlandais appelé « In Search of God », visant à ouvrir une porte vers la spiritualité. Oui mais… Le christianisme ainsi mis en avant suscite des interrogations quant à un éventuel prosélytisme religieux. Et ce n’est pas tout.
Déni de scandales
Deux accompagnants spirituels, Sœur Catherine Thiercelin (proche de l’humoriste Gad Elmaleh) et frère Baudouin Ardillier, ont été recrutés pour guider et confesser les participants. Et là, les préoccupations montent d’un cran : la première est affiliée à la communauté des Béatitudes, le second à celle de Saint-Jean. Ces communautés conservatrices, qui avaient le vent en poupe dans les années 70 – 80, ont depuis été associées à des scandales liés à des dérives sectaires et des violences sexuelles. Un religieux du couvent de Corbara, affilié à Saint-Jean, a, été condamné pour agressions sexuelles. Interrogée, la productrice dit « ne pas avoir eu connaissance de ces informations ».
Reste que la diffusion de cette émission provoque l’émoi, en particulier parmi les victimes des dérives de ces communautés, qui considérent cela comme un déni des scandales. Celui de Saint-Jean a éclaté au moment du tournage en mars 2023, avec la présentation de rapports historiques révélant des dérives théologiques et sexuelles au sein de la congrégation. Des critiques émanent aujourd’hui des plus hautes sphères du catholicisme français, déplorant le choix faits par les producteurs.
En dépit des réactions négatives, Chantal Barry envisage une éventuelle deuxième saison, mais pourrait choisir « un autre lieu que Corbara pour éviter les controverses liées aux dérives sectaires ».
(Source : Libération, 11.01.2024)