Depuis le 3 novembre, un documentaire consacré au groupe Gloriavale, une secte chrétienne fondamentaliste, est projeté dans les cinémas en Australie.
Sobrement intitulé Gloriavale le documentaire donne la parole à des membres excommuniés. Certains sont engagés dans des poursuites judiciaires contre le groupe pour des faits de travaux forcés, de travail dissimulé et d’abus sexuels.
Le documentaire s’ouvre sur les images d’une journée-type pour les quelques 600 membres vivant au sein de Gloriavale, dans un endroit isolé sur la côte ouest de l’île du sud de la Nouvelle-Zélande. Au réveil, lecture de What We Believe (Ce que Nous Croyons), le livre qui contient leur doctrine constituée de morceaux choisis de la Bible. Le reste de la journée est consacrée au travail : travaux agricoles, production de lait, préparation des repas. Ces images montrent la partie émergée du quotidien des membres du groupe : une vie paisible menée en autosuffisance et dans un cadre idyllique.
Une ex-adepte qui témoigne longuement dans le documentaire, Virginia Courage, confie que si un membre refusait d’effectuer une tâche, il en résultait de sévères punitions : châtiments corporels, interdiction de se nourrir, expulsion temporaire de la communauté, menace d’une damnation éternelle.
« Vous êtes élevé avec la pensée suivante : ‘je dois quelque chose au système’… ‘En fait, je leur dois ma vie entière’ » explique-t-elle. Elle révèle que le leader, Hopeful Christian, obligeait les membres à se lever en public et à prononcer des phrases du type : « Merci à mes parents d’avoir choisi cette vie. Merci pour les enseignements de l’église car sans cela je ne serais pas né. »
Virginia et son mari ont quitté la communauté après y avoir passé vingt années, emmenant leurs dix enfants avec eux. Ils craignaient pour leur sécurité, sachant que les cas d’abus sexuels n’étaient pas rares au sein du groupe, puisque Virginia elle-même en avait été victime à l’âge de 13 ans. Pour elle, « L’homme qui a fondé cette communauté a été arrêté et condamné pour agression sexuelle dans les années 1990. Il a camouflé tout ça derrière sa foi chrétienne, et derrière son talent pour la prise de parole en public. Et je pense que cette part sombre et démoniaque se manifestait subtilement dans tous ses propos. »
Un des enseignements conti-nuellement répétés en public et en privé par le leader soutenait que l’homme était incapable de contrôler ses pulsions sexuelles, et que c’était le rôle des femmes – fille, mère, épouse – de satisfaire leurs besoins.
Les deux réalisateurs du documentaire espèrent susciter un changement : « Nous ne pensons pas que le simple fait que le film sorte réglera absolument tout, mais avec un peu de chance cela sensibilisera à la question. On a travaillé très dur pour que des responsables politiques et des membres du gouvernement visionnent ce documentaire. »
(Source : vice.com, 31.10.2022)