OneTaste, une entreprise opérant dans le secteur du « bien-être sexuel », fondée à San Fransisco en 2001, fait l’objet d’un documentaire sur Netflix, avec un accent mis sur l’emprise exercée par la fondatrice sur ses employés et l’existence de pratiques sexuelles problématiques.
Cette entreprise était connue aux états-Unis pour organiser des ateliers intitulés « OM » pour « orgasmic meditation », ou méditation orgasmique. Celle-ci se pratique à deux et implique des actes d’ordre sexuel.
Dans le documentaire intitulé Orgasm Inc: The Story of OneTaste, d’anciens employés expliquent que la fondatrice, Nicole Daedone, poussait les employés à effectuer une « OM », que ce soit pour guérir des traumatismes ou régler un différend entre collègues.
Ces ex-employés reconnaissent aujourd’hui avoir été victimes de manipulation mentale de la part de Nicole Daedone, et poussés à participer à des actes d’ordre sexuel auxquels ils n’auraient jamais accepté de participer si leur consentement avait été véritablement éclairé. À cela se rajoutait l’impossibilité de progresser au sein de l’entreprise sans passer par une séance de méditation orgasmique.
Nicole Daedone a toujours avancé que la méditation orgasmique n’était pas du sexe, mais une pratique qui permettait à celui qui s’y adonnait d’entrer dans un état mystique et d’accéder à la guérison. Toutefois, pour les anciens membres et employés de OneTaste, cette philosophie a surtout causé davantage de traumatismes et surtout, nombre d’abus sexuels.
Cela soulève la question de la frontière ténue qui se dresse entre bien-être sexuel et éducation à la sexualité. Quand l’un ne se résume qu’à un marché, avec bien des risques de dérives, l’autre n’a rien à vendre et ne fait pas de promesses.
Steven Hassan, un expert de renom sur le phénomène sectaire, auteur de Combating Cult Mind Control, explique : « la plupart des gens n’ont pas reçu une éducation adéquate sur les questions de sexe et de sexualité – alors quand quelqu’un vous rend rend tout cela accessible, cela peut devenir extrêmement puissant. »
Les personnes réceptives à ce que OneTaste promettait, à savoir un voyage dans sa sexualité de femme, des orgasmes libérateurs, une guérison à la clé, étaient bien souvent des femmes qui avaient par le passé déjà été victimes d’attouchements sexuels, ou bien qui avaient grandi au sein de familles où la sexualité était un sujet dont on ne parlait pas. Au sein de OneTaste, dans un contexte où la méditation sexuelle était brandie comme remède universel, la vulnérabilité de ces femmes était exploitée à l’extrême.
L’exemple de OneTaste illustre les travers connus de ce domaine extrêmement lucratif qu’est le bien-être sexuel. Afin de capter une certaine audience, cette industrie pioche dans les tendances actuelles que sont le féminisme, l’empowerment (le fait de s’émanciper de certaines contraintes mentales), l’affirmation de ses désirs, entre autres. Le Dr Jen Gunter, gynécologue et autrice de The Vagina Bible, pense « que le terme « bien-être sexuel » n’a aucun sens. Il n’a pas de définition précise et semble avoir été créé purement et simplement afin de vendre des produits, des programmes de coaching, et également afin d’instaurer cette dangereuse idée qu’une femme devrait être sans cesse excitée sous-entendant que si ce n’est pas le cas, alors on a des choses à vous vendre. » Elle encourage les personnes qui cherchent à en apprendre plus sur leur sexualité à « trouver de vrais experts dans ces domaines. Il est compliqué de parler de sexe pour beaucoup de gens, et c’est dommage. Mais les personnes qui vendent des produits de bien-être dans ce domaine-là exploitent cette brèche ».
(Sources : Independant.co.uk, 14.11.2022 & businessinsider.in, 23.11.2022)