Les intégristes de plus en plus visibles

La Fraternité Saint-Pie X est en plein essor. Et elle affiche clairement sa volonté d’accroître encore son influence. Dans un de ses bastions, à Nantes, où le journaliste Raphaël Tual a enquêté, le mouvement intégriste attire par sa solennité, ses messes en latin et son opposition à certaines réformes du Vatican.

Les traditionalistes de la FSSPX, fâchés avec le Saint-Siège, refusent la réforme du Concile Vatican II et prônent des valeurs conservatrices, s’opposant à l’œcuménisme et au dialogue inter-religieux. Leurs écoles, réputées pour leur excellence, participent à l’attractivité du mouvement. Mais elles suscitent aussi des inquiétudes, des rapports d’inspection de l’Éducation nationale et des témoignages d’anciens élèves pointant des aspects problématiques, notamment un endoctrinement en faveur d’idéologies d’extrême droite.

Le prieuré de Nantes, dirigé par l’abbé Bruno France, est l’un des plus actifs et plus visibles de France, accueillant près de 400 fidèles lors de célébrations religieuses. Au niveau national, la FSSPX revendique 200 prêtres et 35 000 fidèles. Son influence a survécu au décès de Mgr Lefebvre et semble même croître depuis la pandémie de Covid-19. Pour preuve, selon l’abbé nantais Bruno France, « 20 à 25 % des prêtres ordonnés ces dernières années le sont exclusivement pour la messe en latin… Le mouvement s’est inversé par rapport aux années 1970 ».

Pour les membres de la FSSPX, il s’agirait avant tout de réaffirmer la vérité de leur foi, en opposition à ce qu’ils perçoivent comme des dérives de l’Église moderne. Ils rejettent, par exemple, les positions du pape François sur des questions telles que la communion aux divorcés remariés ou la bénédiction des homosexuels.

59 écoles hors contrat

Les fidèles de la Fraternité Saint-Pie X sont engagés dans une mission d’évangélisation dès leur plus jeune âge. « Un peu comme une croisade » explique une adolescente. Ils sont souvent issus d’universités et d’écoles dirigées par le mouvement. Du CP à l’université, ils peuvent y vivre en vase clos, la Fraternité comptant 59 écoles hors contrat et un établissement d’études supérieures. Celles-ci offrent un enseignement axé sur la tradition catholique, avec des aspects conservateurs marqués, parfois au détriment des valeurs républicaines.

Des rapports d’inspection révèlent des contenus éducatifs problématiques, avec une vision parfois raciste ou a minima racialiste, ainsi qu’une glorification de figures historiques controversées. « On ne parle pas de la Shoah mais de Pétain qui était un héro (…). Hitler n’était pas si mauvais », hallucine une jeune adulte qui a fait toute sa scolarité dans des écoles de la FSSPX, en retrouvant ses manuels. Une autre se souvient que dans un module de la formation des maîtres, en licence, « l’islam était présenté comme un fléau ». Certains fidèles expriment ouvertement leur proximité idéologique avec l’extrême droite, considérant la République française comme anti-chrétienne et appelant de leurs vœux une république chrétienne.

Malgré les critiques et les controverses, la Fraternité Saint-Pie X continue de prospérer, attirant chaque année de nouveaux fidèles. 

(Source : Actu.fr, 05.03.2024)

A lire sur le site de l’Unadfi : La Fraternité Saint-Pie X fait école : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/la-fraternite-saint-pie-x-fait-ecole/

  • Auteur : Unadfi