Multiplication des procédures-baillons coûteuses et chronophages

Depuis la pandémie de Covid-19, les mouvements sectaires connaissent un regain d’activité. Ce sursaut, clairement ressenti par l’Unadfi, s’accompagne de procédures judiciaires en cascade de leur part, comme l’explique Catherine Katz, présidente de l’association

Ancienne secrétaire générale à la Miviludes et ex-présidente de la Cour d’assises de Paris, Catherine Katz est, depuis mai 2023, à la tête de l’Unadfi. Depuis quelques mois, elle constate une augmentation des procédures judiciaires lancées par les mouvements sectaires. Une tentative, selon elle, de réduire au silence la parole des victimes et de saboter le travail de l’association. Selon elle, « les mouvements surréagissent à la moindre publication. Nous veillons à ce que tous nos écrits soient faits dans les règles pour éviter des procédures mais, malgré ça, nous recevons des injonctions à retirer nos articles ou bien des menaces d’assignations. C’est un changement. Auparavant, ce genre de procédures étaient assez ponctuelles et émanaient de mouvements précis ».  Et ceci n’est pas sans incidence car « même si ce que vous dites est exact et que vous serez relaxé de l’accusation de diffamation, la loi prévoit que vous passiez devant un juge d’instruction qui vous mettra en examen. Cela permet d’assurer le contradictoire à l’audience, mais cela permet aussi au mouvement sectaire qui a porté plainte de dire que nous avons été mis en examen. Cela nous ralentit dans notre objectif principal d’aider les victimes, mais surtout cela informe les victimes que, même si elles dénoncent des faits exacts, elles peuvent se retrouver un jour au tribunal. C’est une manière de museler la parole ». Et il semble que certains mouvements aient vraiment décidé de mener une guerre judiciaire.

« On assume et on ne lâchera pas

Il est possible d’éviter ces procédures-baillons en ne nommant pas les mouvements. « Mais cela signifie aussi qu’on ne s’adresse qu’aux initiés » souligne Catherine Katz. « Si on est là pour informer, il faut poser les mots et lorsque l’on a toutes les preuves, il n’y a pas de difficulté. C’est une spirale pour nous affaiblir. Ça prend du temps et ça nous coûte de l’argent… On l’assume, ça fait partie de nos charges ». Mais il faut savoir que les associations ne peuvent pas utiliser les subventions pour payer des actions judiciaires. Catherine Katz confirme : « Ce sont nos fonds propres ! Heureusement, nous avons à nos côtés de très bons avocats, solidaires de nos combats. Mais bien sûr nous sommes preneurs des dons de personnes qui souhaiteraient nous aider dans notre mission ».   

(Source :  Charlie Hebdo, 25.03.2024)

  • Auteur : Unadfi