La deuxième moitié du 20ème siècle a vu apparaître un nombre considérable de sectes et de psychotechniques dites du « Nouvel Âge ». Ce phénomène a souvent été présenté comme une évolution logique. Non seulement des « spécialistes des nouveaux mouvements religieux » comme Massimo Introvigne et consort, mais des gens qui ne cherchaient nullement à faire l’apologie des sectes ont souvent tenu le même discours : la multiplication des sectes découlerait d’une société déshumanisée qui n’offre plus ni perspective ni repères.
Or, sans être le paradis, notre société occidentale supporte aisément la comparaison avec d’autres sociétés, présentes ou passées. Si perte de repères il y a, les nouvelles sectes et les psychotechniques n’en sont-elles pas plutôt la cause que la conséquence ?
Dans un précédent article, nous avons parlé de Gurdjieff, et évoqué sa doctrine et ses méthodes de manipulation mentale, connues sous le nom générique de « la Quatrième Voie » ou « le Quatrième Chemin ». Nous entendons dans cet article soulever la question de la responsabilité de ce mouvement dans le paysage sectaire actuel.
L’héritage de Gurdjieff
Lorsque Gurdjieff est mort en 1949, son héritage semblait se réduire à peu de chose. Le Prieuré était vendu depuis longtemps. Certains de ses premiers disciples étaient morts, d’autres l’avaient quitté pour voler de leurs propres ailes. Hormis ses adeptes parisiens, il ne semblait rester de la « Quatrième Voie » que quelques groupes
épars. Or, derrière ces apparences anodines se cachait, en réalité, un vaste réseau structuré, déjà solidement implanté sur trois continents. Le secret, le cloisonnement et la stricte hiérarchisation font partie des caractéristiques du mouvement. Ils étaient voulus et instaurés dès le départ, par Gurdjieff lui-même. De plus, nombre de «
renégats » ou « répudiés » continuaient à entretenir des rapports avec le maître ou ses lieutenants bien après leur départ souvent théâtral. (…)
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