Durant le mois de décembre 2021, Cyrille Adam, connu sous son appellation de chaman « Loup Blanc » a été mis en examen à la suite de plaintes d’au moins 6 adeptes pour viols, agressions sexuelles et abus de faiblesse par sujétion. A la fin du mois de janvier 2022, l’Office central de répression des violences à la personne (OCRVP) a lancé un appel pour recenser de nouvelles victimes.
Ces poursuites judiciaires ont pu avoir lieu à la suite de signalements effectués par d’anciens adeptes à la Miviludes (la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). Le Parisien a pu se procurer le témoignage d’un de ces adeptes qui a passé plus de 26 ans sous l’emprise de Loup Blanc. Attiré de tout temps par le mysticisme, Cyrille Adam avait en 1996 pris le nom de Loup Blanc après une révélation et se dit inspiré par le chef indien Sitting Bull. Il prétend aussi puiser dans l’hindouisme, les cultures japonaises et chinoises et l’harmonie-thérapie.
Le témoin raconte au Parisien qu’alors âgé de 21 ans il lit un premier ouvrage de Cyrille Adam puis suit un stage auprès du chaman. C’est le début de l’emprise. Il est séduit par les paroles du gourou. Il intègre le groupe avec sa femme et sa sœur. Avec sa femme, ils n’auront pas d’enfants car le gourou leur a dit que ce n’était pas le moment et qu’il avait horreur de la procréation. Ce témoignage permet de montrer la volonté du gourou de couper ses adeptes de la société. Il les appelle à « mener une rupture avec la légalité » et à « transgresser les règles pour se sentir libre ». Ces paroles permettent de comprendre comment les adeptes ont pu sous emprise effectuer une rupture avec la société et le monde qui les entoure, présentés sans cesse comme dangereux. Au sein du groupe, une véritable hiérarchie est mise en place selon les volontés du gourou. Il désigne de façon arbitraire ses plus proches collaborateurs (qu’il nomme Ambassadeurs) chargés des initiations. Puis il y a les « MacGregor ». Ce sont des personnes proches du gourou car elles représentent pour lui un intérêt soit parce qu’elles disposent de fortes capacités financières ou sont de jolies femmes.
Le témoignage montre aussi que suivre les préceptes du chaman coute cher. Le témoin avoue avoir emprunté de l’argent notamment pour effectuer des stages au Pérou. Il a aussi refondé le site internet de Loup Blanc sans être payé pour ses nombreuses heures de travail. Un week-end d’initiation coûte entre 180 et 240 euros, indique une victime dans sa déposition. Le stage d’été coûte environ 1 000 ou 1 200 euros. Quand le gourou est présent, le nombre de disciples peut avoisiner les 150 personnes, soit une recette d’à peu près 45 000 euros. Des sommes à régler de préférence en liquide. Ces revenus des stages et la générosité des adeptes ont permis au chaman d’avoir un train de vie luxueux. Au-dela de ces dépenses, les adeptes mettaient aussi des propriétés à disposition du gourou dans différentes régions. Sur le plan financier, les autorités ont découvert de nombreuses sommes d’argent en liquide et de l’or. Une enquête préliminaire visant d’éventuels délits financiers est actuellement diligentée par le parquet de Nîmes.
Au-delà de l’aspect financier de l’affaire, le gourou est suspecté d’avoir abusé sexuellement de plusieurs de ses adeptes sous couvert d’emprise. Maitre Jean-Baptiste Cesbron, avocat des victimes, note que les agressions sexuelles se sont déroulées sous le prétexte du tantrisme. Il poursuit en admettant « même s’il n’y avait de pas de violences physiques, elles n’avaient pas la capacité de refuser en raison de la contrainte morale, spirituelle, intellectuelle que Loup blanc faisait peser sur elles. ». Une des victimes rapporte que le gourou affirmait que leurs relations sexuelles allaient régler ses problèmes et l’aideraient à s’épanouir. Sous couvert d’emprise, il a recommencé deux fois. Aujourd’hui la victime parvient à définir ces abus comme un viol. Avec son mari, ils décident de quitter le groupe et elle a choisi de dénoncer les faits subis malgré les menaces reçues suite à leur départ. Elle a pu se mettre en relation avec d’autres ex-adeptes qui avaient vécu des choses similaires. Plusieurs anciens fidèles ont donc déposé plainte contre le gourou pour viols, agressions sexuelles et abus de faiblesse. Ils avaient effectué auparavant un signalement à la Miviludes. Pour Maitre Cesbron, l’instruction pourrait durer plusieurs années. Les autorités sont encore à la recherche d’éventuelles victimes.
De son côté le gourou nie les accusations et parle de « relations consenties ». Le site du gourou est toujours actif et il semble encore avoir de sérieux soutien parmi ses fidèles malgré les accusations récentes. Les adeptes considèrent ces accusations comme fausses et diffamatoires. Ils prétendent ne plus vouloir accepter de nouveaux participants et ne diffusent plus les dates et lieux de leurs enseignements. Le gourou compterait entre 200 et 300 adeptes partout en France.
(Sources : Le Parisien, 04.02.2022 & France 3 Occitanie, 13.02.2022 & La Dépêche, 13.02.2022 & Ouest France, 14.02.2021)