Alice Pazalmar, condamnée à six mois de prison ferme

Alice Martin-Pascual, alias Alice Pazalmar, a été condamnée, fin janvier, à six mois de prison ferme et à la confiscation de son véhicule par le tribunal de Cahors pour divers délits commis lors d’un contrôle routier en juin 2021, qui lui avait valu une garde à vue de 24 heures à la gendarmerie de Figeac. Elle a en outre été condamnée pour avoir posté une vidéo sur laquelle elle portait une tenue ressemblant à celle de la police. Début février, elle a également écopé de quatre mois de prison avec sursis et 300 euros d’amende par le tribunal de Toulouse pour une autre série d’infractions routières.

Parmi les infractions relevées par la gendarmerie figurent : refus de se soumettre aux vérifications d’identité, fausses plaques d’immatriculation, défaut d’assurance, conduite sans permis…

Les juges ont statué en l’absence d’Alice Pazalmar qui ne s’est pas présentée aux audiences. Provocatrice, la femme, qui a dix jours pour faire appel, n’est pas restée inactive sur les réseaux sociaux après ses condamnations. Dans sa dernière vidéo, elle s’adresse au juge via une lettre où elle affirme « Ma vie n’est pas à vendre, et je ne suis pas sociétaire dans cette société qu’est la République française ».

Mais les délits qui lui sont reprochés vont bien au-delà de simples infractions routières, ils reflètent surtout « son refus de se soumettre aux lois de la République ».

En opposition avec le système éducatif et les services sociaux depuis de nombreuses années, elle postait déjà des vidéos sur internet. Mais son activité et son audience se sont largement accrues depuis deux ans.

Rejetant toute forme d’autorité légitime et prêchant la désobéissance « créatives », elle vit avec ses deux enfants en marge de la société dans un van d’où elle diffuse de nombreuses vidéos aux relents complotistes.

En rupture avec le système, elle prône la déscolarisation des enfants, affirme que le monde est dirigé par des réseaux pédocriminels, prétend que le Covid est une fraude et appelle à lutter contre « la dictature en marche ». Ce discours véhément a séduit les 37 000 personnes qui se sont abonnées à sa chaîne Youtube et plus encore les 4 000 membres de son groupe Télégram attirés par ses idées proches du mouvement des « êtres souverains ».

Si bien que lorsqu’elle a projeté en août 2021 de créer une communauté autour de One Nation [inspirée du mouvement QAnon], l’association qu’elle a cofondée en 2019 avec son compagnon, elle a rapidement réuni une grosse somme d’argent pour acquérir une propriété dans le Lot. Bien que le projet ait avorté grâce à la mobilisation de la population locale, celui-ci n’a pas été enterré, il a juste été reporté.

Si ce projet n’avait rien d’illégal, la mobilisation qu’il a suscitée amène à s’interroger sur l’influence d’Alice Pazalmar sur ses adeptes. Rudy Reichstadt, le directeur de Conspiracy Watch, voit dans la mobilisation des adeptes et le projet de communauté autonome, des indices pouvant alerter sur un risque éventuel de dérive sectaire.

Ce que confirme Simone Risch, présidente d’Infos-Sectes Midi-Pyrénées qui suit de près l’évolution de One Nation. Elle évoque les appels de personnes dont les proches veulent déscolariser un enfant ainsi que « des profils qui ne voient plus qu’à travers le discours d’Alice ». Selon Rudy Reichstadt elle a un ascendant et un véritable charisme, si bien qu’elle occupe une place importante dans la sphère complotiste. 

(Sources : La Dépêche, 01.02.2022 & Le Parisien 05.02.2022)

  • Auteur : Unadfi