Les megachurchs comme on les appelle, ces églises évangéliques dont la fréquentation atteint plusieurs dizaines de milliers de fidèles par semaine, ne semblent plus séduire les nouvelles générations. Ces structures gigantesques traversent une période de turbulences.

Située près de Chicago, Willow Creek Community Church est l’une des plus importantes megachurchs du pays. Et aussi sûrement la plus emblématique. Elle a rassemblé jusqu’à 25 000 paroissiens chaque semaine. Mais depuis 5 ans, sa fréquentation ne cesse de baisser. « 60 % de moins en 2022 qu’avant le Covid-19 » confirme Dave Dummitt, son pasteur principal. 30 % des salariés ont été licenciés et le budget a été réduit de manière drastique. A Denver, The Potter’s House a dû mettre en vente ses locaux et pratique ses cultes uniquement en ligne.

Pour Sam Rainer, créateur du réseau d’entraide Church Answers, « la pandémie ne peut pas être tenue pour responsable de cette désertion. Elle n’a fait qu’accélérer un déclin que l’on observe depuis 2010 ». Il estime que le phénomène est générationnel. « Les megachurchs ont été construites par la génération précédente, celle des baby-boomers, au détriment des églises de quartier. Mais aujourd’hui, les jeunes Américains recherchent davantage de proximité et ne sont plus prêts à faire des kilomètres de voiture pour aller prier ». De nombreux scandales (financiers, spirituels et sexuels) ont aussi jeté le trouble parmi les jeunes et « accentué la défiance des fidèles face à des leaders charismatiques défaillants » soutient Sam Rainer. Une vision que partage Sébastien Fath, chercheur au CNRS et spécialiste du protestantisme évangélique : « ce modèle qui starifie ses pasteurs n’est plus adapté à l’heure des réseaux sociaux ». Et il semble que les églises l’aient bien compris. Le chercheur américain Warren Bird, lui, est persuadé que « les megachurchs ne sont pas mortes. Elles sont juste en train de se transformer pour mieux renaître. Ces grandes églises disposent de moyens financiers massifs et sont presque toujours pionnières en termes d’innovation. 70 % d’entre elles ont aujourd’hui choisi d’ouvrir des satellites de plus petite taille ».

Reste une tendance générale : les chrétiens sont en reculs aux États-Unis. Selon une étude du Pew Research Center, ils sont passés de 78 % à 60 % de la population entre 2007 et 2021. Dans le même temps, les évangéliques sont passés de 30 % à 24 %. Quant au nombre d’Américains ne se revendiquant d’aucune religion, il est passé de 16 % à 26 %. 

(Source : La Croix, 11.02.2024)

Lire sur le site de l’Unadfi, Le temps des mega églises : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/le-temps-des-mega-eglises/