Le quartier de Williamsburg, à Brooklyn, est bien plus qu’un simple quartier. C’est le cœur battant de la plus grande secte de juifs hassidiques au monde, les Satmar. Un mouvement mystique et fondamentaliste du judaïsme complètement isolé du monde.
Résidences d’artistes, librairies, bars populaires… Bienvenue à Williamsburg, au cœur de Brooklyn. Mais derrière cette façade, se niche un monde parallèle rétrograde. Ici, l’isolement est la norme, avec des panneaux en yiddish et en hébreu ornant les bâtiments et une population strictement coupée du reste du monde. Les 57 000 membres de la communauté Satmar vivent selon des règles strictes, se protègent du monde occidental en évitant les technologies modernes comme les smartphones et Internet. Ils s’isolent des autres juifs comme du reste du monde. Pour cette communauté, « la création de l’État d’Israël est un acte antimessianique et les juifs intégrés sont des âmes perdues ». L’adhésion est sans compromis.
La ségrégation des sexes est une caractéristique clé de cette communauté, avec des rôles strictement définis dès le jeune âge. Les garçons étudient la Torah dans des écoles religieuses, tandis que les filles sont souvent limitées à des matières considérées comme « laïques » et sont destinées à la maternité et au foyer après un mariage arrangé. Cette séparation conduit à des résultats prévisibles, avec des garçons souvent incapables de lire ou d’écrire en anglais et une majorité de femmes ne travaillant pas.
La vie quotidienne dans ce quartier est une immersion dans un obscurantisme social choquant, où la conformité aux normes est rigoureusement observée et où les femmes sont largement invisibles dans l’espace public. Des pratiques discriminatoires, telles que la ségrégation dans les transports en commun, rappellent des périodes sombres de l’histoire, comme l’époque de la ségrégation raciale aux États-Unis.
Malgré les progrès sociaux et technologiques du monde extérieur, cette communauté ultraorthodoxe persiste dans son mode de vie fondamentaliste, profitant du système de séparation de la religion et de l’État pour maintenir ses propres règles et valeurs. Ce contraste souligne les défis persistants auxquels sont confrontées les sociétés modernes dans la protection des droits individuels et des principes laïques face à des groupes religieux extrémistes. A seulement un pont de Manhattan.
(Source : Charlie Hebdo, 07.02.2024)