La Nouvelle Acropole derrière « La Nuit de la philosophie »

Du 14 au 19 novembre devait se tenir la seconde édition des « Nuits de la Philosophie » dans sept villes françaises (Avignon, Biarritz, Bordeaux, Lyon, Paris, Rouen, Strasbourg).  Alertée par plusieurs signalements, la Miviludes a appelé à la vigilance via son compte Twitter « sur la participation de la Nouvelle Acropole » à ce festival.

« Ce mouvement a fait l’objet de 27 saisines depuis 2020, en raison d’une organisation extrêmement pyramidale, d’exigences économiques et humaines disproportionnées, et de plusieurs situations d’emprise entretenues sur des personnes fragiles. Restez vigilants. » rappelle la Miviludes.

Les réactions ne sont pas faites attendre et plusieurs villes se sont désolidarisées de l’évènement qui devait se tenir dans des locaux municipaux, comme à Rouen ou Lyon. Mais la Nouvelle Acropole n’a pas pour autant renoncé à son festival. À plusieurs endroits, elle s’est rabattue sur ses propres locaux.

À Rouen la présidente du mouvement reproche à la Miviludes la « liste de prétendues dérives associées à notre association mais qui ne reposent sur aucun fait » et précise que l’association n’a jamais eu affaire à la justice. La présidente de la structure lyonnaise estime, quant à elle, que 27 saisines auprès de la Miviludes « c’est peu, au regard des milliers de personnes qu’on reçoit dans nos différentes conférences ».

Déjà mentionnée dans le rapport Les sectes en France en 1995, la Nouvelle Acropole fondée en 1957 en Argentine s’est installée en France en 1973 sous la forme d’une association. Sur son site elle se définie elle-même comme « un réseau mondial qui propose des formations de soi et des projets pour faciliter la transition vers un monde nouveau et meilleur ». Présente dans une soixantaine de pays, elle propose des cours de philosophie, des activités culturelles et de développement personnel ainsi que des actions humanitaires telles que des maraudes pour venir en aide aux sans-abris.

Dans son rapport d’activité 2018-2020, la Miviludes s’inquiétait du « prosélytisme dont fait preuve le mouvement envers la communauté scolaire et estudiantine ». Elle soulignait que les conférences organisées par l’association seraient suivies « d’une demande pressante d’engagement » et notait une « emprise importante (…), accompagnée de ruptures familiales et d’un désengagement professionnel ».

Le mouvement a aussi été mentionné en 2021, dans un état des lieux sur les « nouvelles tendances des dérives sectaires ». La Miviludes y relevait que les enseignements de la Nouvelle Acropole seraient susceptibles de s’orienter « vers une idéologie d’extrême droite ». À ce sujet, le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), organisme de tutelle de la Miviludes, précise que « des pratiques inspirées du fascisme et des croyances ésotériques seraient aussi mises en avant. L’histoire de l’humanité serait, par exemple, divisée en cinq étapes clefs, l’ultime étant l’avènement de la «race blanche» ».

La note de 2021 révèle en outre que l’association disposerait « d’une milice intérieure et d’un service de renseignement ». La Nouvelle Acropole a cependant démenti cette information dans un droit de réponse au Courrier Picard1.

Du côté des associations, l’Adfi de la région Normandie indique avoir reçu deux signalements sur le mouvement dont un datant de 2016 concernant un jeune homme qui a quitté sa famille et son travail pour aller vivre en communauté dans un centre du groupe. Enfin, l’Unadfi constate sur son site internet : « derrière les discours officiels, il semble que le phénomène d’emprise sectaire demeure. » 

(Sources : Actu 11.11.2022 & 20 Minutes 11.11.2022 & Le Progrès 12.11.2022 & Le DNA, 12.11.2022)

1. Lire l’article et le droit de réponse de la Nouvelle Acropole : https://www.courrier-picard.fr/id168522/article/2021-02-24/un-etat-des-lieux-alarmant-des-derives-sectaires

Pour en savoir plus sur la Nouvelle Acropole, lire sur le site de l’Unadfi : https://www.unadfi.org/mot-clef/nouvelle-acropole/

  • Auteur : Unadfi