Nouveaux horizons lucratifs pour Louis Fouché

Louis Fouché, figure antivax incontournable au moment de la pandémie de Covid-19, a annoncé la dissolution de son collectif RéinfoCovid. Cette star des réseaux sociaux diversifie son activité et investit de nouveaux espaces lucratifs pour perdurer. Quitte à oublier la notion de conflit d’intérêt qui lui était pourtant chère lorsqu’il s’agissait de dénoncer les pratiques des laboratoires pharmaceutiques.

Comme plusieurs influenceurs covido-sceptiques, Louis Fouché doit aujourd’hui actualiser son discours et se réinventer pour maintenir son activité en ligne. Le marseillais compte 88 000 abonnés sur Youtube et 16 000 sur Facebook.

D’après le collectif Action Antifouchiste, l’ex-médecin covido-sceptique se concentre maintenant sur une autre plateforme en construction qui vise à rassembler tous les pseudo-thérapeutes holistiques et de la médecine intégrative. Son discours évolue et s’actualise. Il commente l’actualité et donne un avis sur n’importe quel sujet. Comme d’autres gourous de la « réinformation », il ne se cantonne plus seulement à la question de la santé mais ouvre ses analyses à la géopolitique, notamment à la guerre en Ukraine. Ainsi, les commentaires se rapprochent progressivement de la rhétorique de QAnon pro-Trump, pro-Poutine, contre « l’Etat profond ». Il ne se restreint pas aux canaux de diffusion déjà utilisés et investit Telegram, Crowdbunker et Odyssee.

Ces changements s’accompagnent d’une autre stratégie : intégrer d’autres réseaux, notamment les instances médicales, pour faire valoir toutes ces théories.

Par ailleurs, depuis quelques mois, Louis Fouché participe à des conférences payantes organisées par des entreprises lucratives aux techniques de vente abusives. En effet, depuis 2020, l’ancien réanimateur apparaissait dans des vidéos librement accessibles comme celle qui annonçait la création d’un « Conseil scientifique indépendant » autoproclamé. Aujourd’hui, il intervient dans d’autres types de conférences et sur un autre canal de diffusion où il est introduit comme un « Jean Moulin des temps modernes ». On peut théoriquement assister « gratuitement » à sa prise de parole sur le site la ligne directe mais il convient en fait de s’abonner « pour 27 euros par mois à partir du 2e mois » pour visionner le contenu. Or, derrière ce site qui prétend offrir « une interaction unique, directe et participative avec les plus grands experts de la santé naturelle », on découvre plusieurs associations et entreprises lucratives aux pratiques discutables. Ces échanges sont organisés par la revue Santé Corps Esprit éditée par une firme suisse, BioSanté Editions. Dans cette entreprise basée à Lausanne figurent des spécialistes du marketing sortis de grandes écoles de commerce. En témoigne la présence dans le conseil d’administration de la boîte d’un ancien haut dirigeant de grands groupes français comme Casino et Michelin. A l’origine, cette société appartenait à une structure plus importante, Santé Nature Innovation (SNI), fondée par Vincent Laarman qui « assume de manipuler l’information à des fins mercantiles ». Même si BioSanté Editions n’a plus de lien avec SNI, un interne raconte comment les deux entreprises recourent aux mêmes techniques de vente. Ainsi sur le site, en cliquant sur « je m’abonne », l’intéressé peut être facturé immédiatement et sans confirmation. Or, selon la revue UFC-Que Choisir, cette technique du « one-click » est interdite en France. BioSanté Editions échappe à cette règle grâce à son siège en Suisse. Le salarié qui a quitté le groupe déplore ces « magouilles » et revient sur son expérience : « Ce qui est terrible, c’est qu’au début on est convaincu qu’on va aider des gens à trouver des alternatives en termes de santé, parce que les laboratoires pharmaceutiques ne seraient pas transparents. Mais là non plus rien n’était transparent !» Par ailleurs, de nombreux internautes ont dénoncé ces prélèvements financiers abusifs sur le site Signal Arnaques.

Pour finir, un ancien salarié de Propulse Lab, entreprise satellite de BioSanté Editions, raconte comment son ex-société travaillait avec des sociétés productrices et vendeuses de compléments alimentaires. Une information compromettante pour Louis Fouché qui s’insurgeait à propos des liens entre soignants et labos. Qu’en est-il pour celui qui pourrait être rémunéré pour ses conférences sur La Ligne directe, site rattaché à Santé corps Esprit, BioSanté Editions et ses satellites ? 

(Sources : Marianne, le 21.11.2022 &  Libération, le 12.11.2022)

  • Auteur : Unadfi