La face cachée du Reiyukai charentais

Le Reiyukai est arrivé en France à la fin des années 70. Il comprendrait plus de trois millions d’adeptes dans le monde dont 1.500 en France. Il faisait partie de la liste du rapport parlementaire de 1995. Venu du Japon, il se revendique du bouddhisme.


En Charente, « les têtes de pont » du mouvement se défendent « de toute dérive sectaire ». Selon l’une d’elle, il y aurait à peine 80 adhérents dans le département. Un chiffre sous-estimé, selon d’anciens adeptes, qui évaluent le chiffre entre 120 et 150.
Le mouvement se répartit en deux « cercles ». L’un d’eux est mené par un professeur de lycée d’Angoulême et l’autre par un avocat. Ils sont identifiés comme étant les « recruteurs » du mouvement. Ce que confirme la présidente de l’ADFI Nantes, Dominique Hubert, qui souligne qu’avant l’arrivée du professeur à Angoulême, « il n’y avait pas d’adhérents en Charente ». Les dirigeants jurent ne pas faire de prosélytisme. Pourtant « les membres ont une obligation morale d’attirer chacun cinq personnes », affirme Dominique Hubert. Ce qui est confirmé par les anciens adeptes.

Le professeur assure qu’il n’évoque jamais le Reiyukai au sein du lycée. « Tout juste concède-t-il en parler à des gens qu’il sent réceptifs ». La présidente de l’ADFI Nantes présente une version quelque peu différente et précise que le mouvement recrute surtout des personnes fragilisées à la suite d’une rupture, de difficultés familiales ou professionnelles… Elle raconte ainsi qu’un homme « qui traversait une passe difficile » s’est fait recruter par cet enseignant. Il est devenu 100 % Reiyukai, a quitté sa femme et a, pour nouvelle compagne, une adepte ».

De son côté ‘l’avocat confie qu’il lui arrive de parler du Reiyukai à des gens avec qui il a des affinités. « Ils peuvent venir à une réunion si ça les intéresse et laisser tomber par la suite ». Dominique Hubert qui reçoit à la permanence de l’ADFI Nantes des appels de personnes se plaignant d’être harcelées par le mouvement parce qu’ils ont refusé d’adhérer n’est évidemment pas d’accord.

Le Reiyukai « fait des dégats » au sein des couples ou au cœur des familles. Ainsi en est-il de Jean dont l’épouse très investie dans le mouvement a « perdu tout son libre arbitre » et de Marie qui s’inquiète pour son enfant âgé d’une dizaine d’années car son ancien conjoint est un adepte fervent du Reiyukai… Marie se demande comment réagira son enfant à l’adolescence, une période où les jeunes sont plus fragiles et influençables ?

Il y a deux ans, des voix « s’étaient élevées dans le monde de l’enseignement » pour dénoncer l’ampleur prise par le mouvement, « son enracinement et son influence pernicieuse » sur les écoliers et les lycéens. Dominique Hubert ne manque pas de rappeler « que de très nombreux adeptes sont des enseignants ».

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Source : La Charente Libre, Laurence Guyon, 09.05.2013