L’école Steiner de Verrières le Buisson ne respecte pas la minute de silence en hommage aux victimes des attentats

Grégoire Perra, ancien élève et professeur des écoles Steiner Waldorf, réagit à un article du Monde[1][2] dans lequel la journaliste « fait une description idyllique » du non-respect de la minute de silence en hommage aux victimes des attentats de janvier 2015.

L’article sous-entendrait même que « par cet acte de subversion », les professeurs Steiner-Waldorf auraient « en définitive fait mieux que leurs homologues des établissements publics » en accordant aux élèves un temps de partage et d’échange sur les drames qui ont frappé la nation. Grégoire Perra répond que la non-conformité à cette pratique collective nationale révèle le fond de l’enseignement et de l’attitude en cours dans ces écoles, « une démarcation insidieuse avec le reste du corps social ».

Sans remettre en cause le récit de la journaliste, Grégoire Perra s’interroge : pour que les élèves puissent débattre de tels drames, il faudrait qu’ils « bénéficient d’un enseignement qui leur donnerait les repères leur permettant de comprendre le monde actuel ». Or, selon lui, dans une école Steiner-Waldorf, « on est bien plus préoccupé de suggérer aux élèves l’existence de l’Atlantide, ou de décrire les civilisations en partant de l’Inde jusqu’à l’époque romaine, à la manière dont le fait Rudolf Steiner dans sa Science de l’Occulte, que de donner des clefs de compréhension d’une actualité que les anthroposophes considèrent comme décadente ».

La solennité de l’acte demandé n’a pas été respectée et Grégoire Perra se souvient que ses anciens collègues enseignants ne tenaient jamais compte des injonctions des autorités de la République.
Pour lui, cet article est « une apologie d’une prétendue pédagogie innovante » ; mais un vrai pédagogue a conscience « qu’on ne peut pas tout laisser aux mains de la spontanéité des enfants. Et surtout pas ce qui relève du civisme et du respect des règles collectives ! »

Selon lui, ce refus représente une volonté de coupure, une façon d’être « des personnalités sortant de l’ordinaire, qui n’auraient pas à se conformer entièrement aux règles et aux lois de la société dans laquelle ils vivent ». Une telle attitude trouve son explication dans la doctrine ésotérique et mystique de Rudolf Steiner, c’est-à-dire l’Anthroposophie elle-même. Les anthroposophes éprouvent une véritable aversion à faire pénétrer dans leurs écoles une forme de rituels laïques, républicains (comme la minute de silence), qu’ils vivent comme une sorte de profanation de leur sanctuaire.
 
(Source : Blog de Grégoire Perra, 14.01.2015)

Lire l’article de Grégoire Perra dans son intégralité, suivi de l’article du Monde : https://veritesteiner.wordpress.com/2015/01/14/le-non-respect-de-la-minute-de-silence-a-la-memoire-des-victimes-de-charlie-hebdo-a-lecole-steiner-waldorf-de-verrieres-le-buisson/ 


[1] Attentat contre « Charlie Hebdo » : « Ne pas plaquer sur nos élèves un discours tout fait », Le Monde, Mattea Battaglia 09.01.2015. [2] Grégoire Perra se souvient qu’en 2000, Le Monde avait déjà pris la défense de la Société Anthroposophique. Pointée du doigt pour son caractère sectaire par la Commission d’Enquête Parlementaire de 1999, le journal l’avait présentée comme inoffensive, « suggérant que le Gouvernement de l’époque serait allé trop loin en matière de chasse aux sorcières ».