12 ex-adeptes de l’église évangélique Christ Church racontent dans Vice leur vie sous emprise.
Les « kirkers » (nom des membres de l’église aussi surnommée Mother Kirk) sont bien implantés dans la ville de Moscou dans l’Idaho. Forte de ses 900 fidèles, elle possède une maison d’édition et un collège privé en plus de ses structure religieuses. L’Eglise divise pourtant la population locale certains y voient un simple culte religieux et d’autres un culte patriarcal au sein duquel les femmes doivent être soumises et faire face à la discipline que ce soit à la maison ou à l’église.
A la tête du groupe, Douglas Wilson, un pasteur controversé, dirige le mouvement depuis plus de 40 ans. Ses ouvrages comportent des propos sexistes et d’un ton notoirement patriarcal, il affirme que la manque d’autorité paternelle et de masculinité est à l’origine de nombreux problèmes comme notamment le « poison » de l’égalité des sexes. Pour lui «l’acte sexuel ne peut pas être transformé en une partie de plaisir égalitaire », car « l’homme pénètre, conquiert, colonise, plante » tandis que «la femme reçoit, se rend, accepte ». Il a aussi récemment fait l’éloge des faux passeports vaccinaux. Au fur et à mesure que Wilson a développé son mouvement il a exigé la soumission et la discipline de l’Eglise, et ceux qui ne s’y conforment pas sont fréquemment excommuniés et harcelés.
Les témoignages recueillis par Vice permettent d’en savoir plus sur le fonctionnement du groupe et la vie de ses adeptes, notamment des femmes qui doivent s’en remettre aux dirigeants de l’église pour prendre des décisions, doivent obéir à leur mari et ne jamais dire non. Celles qui pourraient se rebeller contre cette doctrine peuvent être isolées voire violentées. Le webzine a aussi pu examiner des documents judicaires, médicaux et commerciaux du groupe.
Une jeune femme raconte comment lorsqu’elle avait 16 ans, elle et sa mère se sont rapprochées de l’église Christ Church pensant que c’était une église comme une autre. Elle a rencontré au sein du collège privé un jeune homme dont le père est diacre de Christ Church, qui l’a peu à peu contrainte à des rapports sexuels forcés déniant son refus. Pensant qu’elle n’avait pas d’autre choix, elle l’a épousé quatre ans après son arrivée dans la ville. Son mari l’a violée à plusieurs reprises durant leur dizaine d’années de mariage, soit par la violence ou lorsqu’elle avait pris son somnifère. Elle en a parlé à une amie du groupe qui lui a confié subir la même chose. A plusieurs reprises, elle a parlé à des pasteurs du groupe qui lui ont dit de ne pas signaler ces faits à la police, ni de se séparer de son mari arguant qu’une femme n’avait pas le droit de dire non à son mari. Finalement, elle a trouvé la force de divorcer et de quitter la communauté. Sa voiture est régulièrement vandalisée et elle doit faire face à de nombreuses insultes de la part de membres du groupe.
D’autres témoignages montrent la culture de la tolérance à l’égard des abus au sein de la communauté, le pasteur n’hésitant pas à intervenir auprès de la police lorsque des agressions sexuelles sont signalées aux autorités.
(Source : Vice, 26.09.2021)
Pour lire l’ensemble de cette enquête menée par Vice : https://www.vice.com/en/article/m7ezwx/inside-the-church-that-preaches-wives-need-to-be-led-with-a-firm-hand ( en anglais)