Les interlocuteurs des associations d’aide aux victimes comme l’Unadfi sont souvent dans l’incertitude face au soudain changement d’attitude d’un proche et c’est généralement lorsque ce proche se coupe d’eux qu’ils contactent les associations.
En quarante-cinq années d’existence l’Unadfi a accumulé un grand nombre de témoignages de victimes de dérives sectaires. Dans ces témoignages elle a observé qu’un même schéma se répétait. De ces observations elle a conceptualisé un modèle permettant de déterminer si un proche est sous l’emprise d’une secte. Si l’emprise d’une personne sur une autre, associé à la radicalisation à une croyance, aboutissent à une triple rupture, alors on est bien dans le cadre d’une emprise sectaire. La triple rupture explique Pascale Duval, la porte-parole de l’Unadfi, est « la clé de l’analyse, c’est le moment où le diagnostic est établi ».
Elle se caractérise par une rupture avec soi-même, par exemple un changement d’identité, une rupture avec la société qui peut se concrétiser par un déni de la science et/ou la méfiance envers les institutions et une rupture avec l’environnement, intervenant souvent en dernier elle se manifeste par un rejet de la famille et des amis. A l’issu de ce processus, « Tout ce qui existait avant la croyance n’existe plus dans la tête des adeptes » et « on peut dire avec certitude que la personne est soumise à une situation sectaire » explique Pascale Duval.
Cependant un seul signalement impliquant un groupe ne permet pas de déterminer si cette situation cache un groupement sectaire, « il nous faut deux ou trois signalements » précise Pascale Duval « car avoir une croyance ne signifie pas être radical ».
Elle ajoute, « nous ne sommes pas contre le fait que des gens aient des croyances, mais il faut faire attention à la radicalisation, et au potentiel passage à l’acte » prévient-elle.
(Source : Le Figaro, 16.04.2021)