Cinq cadres devant le tribunal correctionnel

Étienne Guillé, considéré comme le gourou, est décédé en 2018. Mais cinq de ses lieutenants sont convoqués, du 22 avril au 3 mai, devant le tribunal de Paris. Ils doivent répondre d’abus de faiblesse par sujétion psychologique au préjudice de 20 adeptes. L’un d’eux est aussi jugé pour exercice illégal de la médecine.

Décédé à l’âge de 81 ans, Etienne Guillé affirmait être revenu sur Terre après avoir visité plus de 20 planètes afin de sauver « la race élue ». L’homme se prévalait de son statut d’enseignant-chercheur à la faculté des sciences d’Orsay (Essonne), et de ses travaux sur la physiologie végétale, pour donner un vernis scientifique à des thèses aussi fantasques que dangereuses. Ses fidèles devaient se séparer de leurs proches, qu’il qualifiait de « prédateurs », et s’en remettre au jugement du pendule, « un instrument tout-puissant au cœur de l’idéologie de la Grande mutation ». Surnommée aussi Groupement de recherche des énergies vibratoires éternelles et Supports vibratoires incorruptibles (Greve et SVI), la secte a rassemblé jusqu’à 200 adeptes. Derrière un folklore ésotérique se cachait une redoutable entreprise de sujétion psychologique, qui a broyé des dizaines de personnes. Pour certains, les conséquences ont été dramatiques : familles disloquées, isolement, cancers non soignés sans aucune prise en charge palliative… Au moins 3 personnes, dont la fille d’Étienne Guillé, ont été emportées par la maladie. Plus de 11 ans après les premiers signalements, le procès de cinq cadres du mouvement s’est ouvert ce 22 avril, pour dix jours, devant le tribunal correctionnel de Paris.

Incitation à l’abandon de soins

Pour renforcer leur respectabilité, ces cadres publiaient des articles pseudoscientifiques dans leur revue La Grande Mutation. Ils n’hésitaient pas à signer les résultats de leurs « recherches » sous différents pseudonymes, afin d’accroître la légitimité de leurs thèses. « Ces gens étaient vus comme des stars, qui avaient fait des découvertes qui allaient révolutionner notre monde », dénonce Me Margaux Machart, avocate d’une victime.

Des séminaires étaient organisés plusieurs fois par mois. Des consultations, individuelles ou collectives, appelées « systémies », étaient également proposées au siège de la secte, rue de Plaisance à Paris (XIVe). Les séances se terminaient par une danse au son d’un gong et des collectes de dons pour « libérer » les fidèles « de la pression matérialiste ». Les investigations ont mis au jour un enrichissement personnel modeste, mais réel, pour les cadres du mouvement. « C’est le pouvoir, plus que l’argent, qui était le moteur d’Étienne Guillé », souligne Me Rodolphe Bosselut, avocat de l’Unadfi qui s’est constituée partie civile. « Pour moi, tous les éléments de la dérive sectaire sont réunis. Avec une caution pseudoscientifique qui la rend d’autant plus redoutable. Et au centre des idées véhiculées par cette secte : « la diabolisation de la médecine traditionnelle » selon Catherine Katz, présidente de l’Unadfi.

L’un des cinq prévenus, gendre d’Étienne Guillé, doit aussi répondre d’exercice illégal de la médecine. Dans son cabinet de radiesthésie à Paris, il aurait détourné un jeune homme, atteint d’une maladie chronique, de ses démarches thérapeutiques. À une adepte souffrant d’un glaucome il aurait aussi prescrit du sérum physiologique et des « rééquilibrages et transferts énergétiques ». 

(Sources : Le Parisien & 20 minutes : 22.04.2024)

A lire aussi sur le site de l’Unadfi : L’influence d’Étienne Guillé https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/l-influence-d-etienne-guille/

  • Auteur : Unadfi