
Comment distinguer les bons aliments des mauvais ? Les Français sont perdus. Selon un sondage OpinionWay, 56 % déclarent ne plus savoir à qui faire confiance en matière de nutrition. Un chiffre qui monte à 65 % chez les 18-24 ans. Une incertitude alimentée par la prolifération d’études contradictoires, souvent influencées par des intérêts économiques.
Le cas de la viande rouge illustre cette confusion. Si la nocivité des charcuteries ne fait plus débat, les effets des viandes non transformées (steak, gigot…) divisent encore. Une méta-analyse espagnole, parue dans The American Journal of Clinical Nutrition, révèle que les résultats dépendent largement de qui finance les recherches… L’industrie de la viande tendant davantage à sponsoriser des études favorables. Pas de fraude, mais des biais méthodologiques subtils.
Le phénomène est ancien mais persistant. Déjà dans les années 1960, l’industrie sucrière avait financé des études minimisant les risques du sucre et pointant du doigt les graisses. Ce déséquilibre a mené à une focalisation excessive sur les produits allégés… Souvent très sucrés.
Les messages scientifiques se noient dans une cacophonie médiatique. Gourous, influenceurs et auteurs de régimes miracles brouillent les pistes. Jeûne, crudivorisme, régime keto ou index glycémique bas : ces tendances attirent, mais reposent rarement sur des preuves solides. Leur succès tient souvent à un besoin de contrôle face aux scandales alimentaires (pesticides, additifs…).
Le Nutri-Score, censé guider les consommateurs, est lui aussi victime de la « fabrique du doute ». Des études critiques financées par des industriels ont freiné sa généralisation, alors même qu’il s’appuie sur une évaluation scientifique rigoureuse.
Dans ce chaos, les autorités sanitaires peinent à se faire entendre. Les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS), validées par des experts indépendants, ont bien du mal à rivaliser avec les discours viraux d’influenceurs comme Jessie Inchauspé, la « déesse du glucose », qui vend des compléments sans validation clinique.
Face à cette désinformation, les experts appellent à la vigilance : « Ne jamais se fier à une étude isolée, varier son alimentation, et rester critique face à toute promesse miracle ».
(Source : L’Express, 24.07.2025)
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