Les Faux Souvenirs : un phénomène bien actuel, une confusion entre le réel et l’imaginaire

Rédigé le 22 février 2007

Comment peut-on modifier et déformer des souvenirs jusqu’à fabriquer de… « faux souvenirs » d’abus sexuels ? Pourquoi après une période plus ou moins longue de thérapie, certaines personnes affirment-elles avoir « retrouvé » des souvenirs refoulés d’abus perpétrés par l’un de leurs proches ?


De nombreuses études ont démontré que les souvenirs sont le plus souvent recomposés, reconstruits, réinventés même. Déformés et inexacts, ils peuvent aussi relever du domaine de l’illusion et du fantasme.

Cette confusion entre des souvenirs réels et imaginés (imaginaires ?) plonge des familles dans un véritable cauchemar. Certains thérapeutes se sont engouffrés dans ce créneau : induire une fausse mémoire à leurs patients, souvent vulnérables. Dans quel but ? Par inexpérience ? Pour exercer une relation d’emprise ? Les couper de leur famille ?

Dès 1993, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Australie et au Canada, des associations de psychiatres et de psychologues tiraient la sonnette d’alarme. C’est au cours de ces années 1990, en effet, qu’apparaissent aux Etats-Unis une véritable épidémie de souvenirs retrouvés d’abus sexuels. Elle sera appelée le « syndrome des faux souvenirs », notamment par les auteurs d’un ouvrage de référence du même nom : Elisabeth Loftus et Katherine Ketcham, paru en 1994 [1]. Un débat houleux agitait alors les USA. Une controverse opposait à cette époque une fondation : la « False Memory Syndrome Foundation » au mouvement : « Recovered Memory Movement ». Ce dernier, créé dès le début des années 1980 à l’initiative essentiellement de certains psychothérapeutes, s’appuyait sur l’émergence en cours de séances de psychothérapie utilisant la suggestion ou d’autres méthodes régressives, de « souvenirs » traumatiques d’abus sexuels, souvenirs jusque là enfouis ou occultés.
Ce phénomène conduira à des dénonciations publiques et des actions en justice contre les auteurs présumés, la plupart du temps l’un des parents proches ou un familier. Il touchera des milliers de famille et sera particulièrement dévastateur. En réaction, la False Memory Syndrome Foundation sera créée en 1992 par des familles accusées. Dans les années 1997/1999, ce syndrome se répétera en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, au Canada, en Australie et en Nouvelle Zélande mais aussi dans d’autres pays notamment le Japon et la France.
En France précisément, ce phénomène des « faux souvenirs » ne fut d’abord connu que de certains spécialistes.

Ainsi dès 1982, le Père Trouslard avait découvert les ravages causés par une secte pseudo-thérapeutique qui avait conduit certains de ses adeptes à faussement accuser leurs parents d’agressions sexuelles et d’inceste.

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[1] Elisabeth Loftus, Katherine Ketcham, Le Syndrome des Faux Souvenirs, Editions Exergue, 1997

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