Un psychothérapeute italien condamné après avoir induit des faux souvenirs auprès d’une adolescente

Dans un contexte de relation parentale conflictuelle, une mère s’était adressée aux services sociaux pour obtenir de l’aide. Ceux-ci ont dirigé sa fille Sara (prénom modifié), âgée de 15 ans, vers un psychothérapeute, le Dr X. Les séances ont peu à peu implanté des faux souvenirs d’abus sexuel commis par le père dans l’esprit de l’adolescente.

La thérapie débute en 2016. Durant les entretiens, les monologues du psy et ses questions suggestives, à la syntaxe complexe, sont difficiles à comprendre pour Sara. Petit à petit, l’homme persuade la jeune fille qu’elle a été abusée sexuellement par un ami de son père. La pratique d’EMDR (Eye Movement Desensitization et Reprocessing), méthode susceptible d’altérer la qualité et la quantité de la mémoire puis de faciliter la création de faux souvenirs a aussi été utilisée. Au fil des séances, Sara a fini par confondre l’ami de son père et son père. En 2017, ce dernier est alors déchu de son autorité parentale. Cependant, deux ans plus tard, la mère et la sœur de l’adolescente s’inquiètent du changement de comportement radical de Sara. Devenue « irritable et agressive », elle entretient désormais une relation très conflictuelle avec sa mère, fréquente « des gens peu recommandables » et se drogue. Finalement, en 2021, le Dr X est accusé d’avoir utilisé des questions suggestives pour prouver un abus sexuel qui ne s’est jamais produit et qui aurait été commis par le père. Reconnu coupable par la justice italienne d’avoir infligé de graves dommages psychologiques à sa patiente, le thérapeute est condamné à 4 ans de prison pour abus de pouvoir et fraude dans la prise en charge.

(Source :  Lemonde.fr, 12.12.2022)

  • Auteur : Unadfi