Induire des faux souvenirs est une technique d’emprise fréquemment utilisée par chez des pseudo-thérapeutes. Elle semble particulièrement facile à utiliser avec des personnes fragiles.
Les témoignages de personnes à qui on avait induit des faux souvenirs racontent comme on leur a fait croire que leur mal-être trouvait sa cause dans un inceste ou une maltraitance qui n’ont en fait pas existé. Ces faux souvenirs déchirent des familles dans lesquelles les parents voient leurs enfants rompre les relations, les accusant de faits graves qu’ils n’ont pas commis. Une témoin raconte qu’à la suite de nombreuses séances de consultation d’un kinésithérapeute, sa fille lui a fait de nombreux reproches et l’a accusé de maltraitance. La soignante a demandé un investissement financier important à sa victime. La mère donne le chiffre de plus de 1,5 millions d’euros. Elle est alors entrée en contact avec l’Unadfi afin d’être aidée. L’Unadfi avait déjà reçu plusieurs signalements concernant cette kinésithérapeute. La « dérapeute » a été condamnée mais l’emprise semble toujours s’exercer. Les mécanismes de manipulation et d’aliénation liés aux faux souvenirs induits sont difficiles à défaire.
Pour le psychiatre Jean-Luc Belaubre, les pseudo-thérapeutes utilisent leur position pour faire en sorte qu’une personne associe d’elle-même « un souvenir flou où elle est assise sur les genoux d’un homme (son père, son grand-père, un voisin) à une agression qui n’a jamais existé ».
En 2005, Claude Delpech a fondé l’association Faux souvenirs induits (AFSI) afin d’écouter et d’accompagner les personnes victimes de faux souvenir et leurs familles. Elle constate aujourd’hui que cette tendance à l’induction de faux souvenirs passe de plus en plus par des consultations en ligne. Elle alerte aussi sur les constellations familiales : « une sorte de jeu de rôle, où des personnes jouent votre père, votre mère et lors desquelles on reconstitue une vie qui n’a pas été celles des victimes ».
(Source : La Provence, 03.04.2023)