Courant novembre, un article de l’Express s’est penché sur la méditation de pleine conscience (MPC) faisant le point sur ses effets positifs et négatifs selon la science. Cette dernière semble très intéressée par le sujet car depuis 2020 cette pratique a fait l’objet de 25 000 études scientifiques. Pour rappel, la MPC s’inspire de la tradition bouddhiste et a essaimé partout dans le monde en s’émancipant parfois de ses inspirations religieuses.
Quand on aborde le sujet de la méditation, le débat semble réellement polarisé : d’un côté elle serait remplie de bienfaits et de l’autre elle serait la cause de nombreux effets indésirables.
Certaines des nombreuses études sur la MPC semblent pour autant moins professionnelles que d’autres. Le Conseil scientifique de l’éducation nationale (CSEN) a procédé à une revue de la littérature scientifique afin de juger de l’introduction de la MPC à l’école. Il a sélectionné les études aux méthodologies les plus sérieuses et avec un fort niveau de preuves.
Selon, une méta-analyse publiée en 2018 dans Clinical Psychology Review, la MPC aurait des effets
similaires aux thérapies cognitives et comportementales sur la réduction des symptômes de divers troubles psychiatriques. Le CSEN a jugé cette étude pertinente d’un point de vue technique, il semble cependant important de préciser qu’elle a été financée par le Mind and Life Institute, fondé par le dalaï-lama et promoteur de la méditation.
D’autres études ont porté sur la mémoire et l’attention. Les résultats montrent alors que les effets positifs sont « globalement non significatifs ». Enfin une méta-analyse publiée en 2022 dans la revue Evidence Based Mental-Health s’est intéressée aux effets de la MPC sur les symptômes de dépression, d’anxiété et de stress, sur l’attention, les fonctions exécutives et les comportements perturbateurs d’enfants de 4 et 18 ans. La CSEN a retenu 36 études de cette analyse qui lui semblaient avoir les caractéristiques d’une étude sérieuse et avec un fort niveau de preuves. Il conclut sur des effets bénéfiques très légers sur les symptômes d’anxiété et de stress mais aucun effet sur les comportements sociaux et le bien-être. Enfin une méta-analyse publiée en 2020 dans Acta Psychiatrica Scandinavica, montre que 8% des participants ont ressenti des effets indésirables à savoir crise de panique, aggravation de la dépression ou de l’anxiété ou apparition de nouveaux symptômes. Cependant pour Franck Ramus, directeur de recherche (CNRS), chercheur en sciences cognitives et principal auteur de la note du CSEN, cette étude n’est pas assez rigoureuse pour apporter un niveau de preuve suffisante.
L’article conclut sur les risques que présentent la MPC et rappelle qu’il existe autant de pratiques de
méditation que de praticiens, ces derniers n’étant pas toujours qua-
lifiés pour dispenser leurs méthodes. De fait, les effets indésirables s’avèrent plus nombreux avec ces charlatans. Dans son rapport publié au début du mois de novembre 2022, la Miviludes abonde dans ce sens et appelle à la vigilance en indiquant que « cette pratique peut être instrumentalisée et constituer une porte d’entrée vers d’autres mouvements ou groupes qui sont déviants, voire dangereux, et qui font l’objet d’une vigilance particulière. En effet, cette technique est souvent utilisée comme produit d’appel et comme moyen pour effectuer un prosélytisme actif afin de recruter des adeptes. »
En conclusion la MPC semble présenter peu d’effets indésirables mais ses bénéfices semblent limités, bien loin des effets miracles promus par ses plus ardents partisans. D’autres pratiques pourraient être plus efficientes. En outre, lorsqu’elle est utilisée par des charlatans elle peut conduire à des dérives sectaires.
(Source : L’Express, 23.11.2022)