Alors que le nombre d’élèves quittant les bancs de l’école pour recevoir un enseignement à la maison progresse, l’Etat impose depuis plusieurs décennies des restrictions à cette instruction en famille afin d’encourager une éducation collective et de prévenir des situations sectaires.
En France, l’instruction est obligatoire depuis la loi Ferry de 1882. Ce droit est garanti par l’Etat dans des établissements publics ou privés mais en vertu du principe de liberté d’enseignement, l’instruction en famille peut également être accordée aux parents.
Aujourd’hui, seuls 0,3% des élèves suivent une instruction à domicile, soit 30 139 enfants. Parmi eux, 16 000 y seraient contraints pour des raisons de santé et 14 000 par choix éducatif des parents. Les motivations de ces derniers sont diverses : la recherche d’une alternative avec une plus grande flexibilité des rythmes d’apprentissage, le souci du bien-être et de l’épanouissement du jeune ou bien un choix qui fait suite à des souffrances et malaises scolaires (harcèlement, phobie…) ou encore parce que l’inclusion est estimée insuffisante pour des enfants à
besoins spécifiques, avec troubles. Dans certains cas, bien que minoritaires, ce choix correspond à une forme de radicalisme de la famille. Pour que la scolarisation reste un lieu de socialisation et afin d’éviter un conditionnement psychique, idéologique ou religieux, l’Etat a durci ses mesures de contrôle. Selon la circulaire d’avril 2017, « la vérification de l’acquisition de l’ensemble des connaissances et des compétences du socle commun est un des moyens qui peut permettre d’apprécier si l’enfant est soumis à une emprise contraire à son intérêt, notamment une emprise sectaire, ou s’il se trouve dans un contexte de risque de radicalisation ». Une nouvelle limite a encore été posée en 2021 avec une loi indiquant que « La scolarisation de tous les enfants dans un établissement scolaire devient obligatoire à la rentrée 2022 et l’instruction d’un enfant en famille dérogatoire. L’école à la maison sera soumise à autorisation (et non plus seulement à déclaration). » La demande doit désormais être adressée au directeur académique des services de l’éducation nationale (DASEN) du département, accompagnée d’un projet éducatif.
(Source : The Conversation, 07.11.2022)