Un naturopathe et son groupe Facebook

Les pratiques de soins non conventionnelles attirent souvent des personnes en situation de vulnérabilité et de doute par rapport à des pathologies qu’elles peinent à guérir. Certains gourous de la santé n’hésitent pas à proposer des solutions pseudo-scientifiques qui peuvent représenter un risque pour les victimes. Le Parisien a infiltré le groupe constitué autour d’un naturopathe prétendant guérir l’autisme, la dépression, l’endométriose et même soulager le cancer.

Le Parisien a pu intégrer le groupe privé Facebook d’un naturopathe, conçu pour pouvoir communiquer directement avec ses clientes. Le journaliste s’est présenté comme une femme ayant des problèmes de douleurs récurrentes au ventre.

Le naturopathe qui prétend guérir de nombreuses pathologies oriente ses conseils autour des fruits et légumes crus et des purges comprenant une utilisation abusive de l’huile de ricin. Pour les problèmes du journaliste il lui conseille dans un premier temps de ne plus prendre de doliprane, ni de progestérone (pourtant essentielle à l’équilibre hormonal). Le gourou répond aux critiques qu’on peut lui faire en arguant avoir des témoignages de personnes qui se sont débarrassées de l’endométriose grâce à ses méthodes.

Sur son groupe Facebook, une trentaine de personnes échangent. Pour une ex-membre il y a un véritable aspect sectaire. Même si les messages semblent bienveillants, une certaine pression pousse les clientes à aller toujours plus loin et à culpabiliser. Elle évoque la vulnérabilité et les incertitudes sur leurs pathologies qui les poussent à tout tenter. Lorsque certaines femmes évoquent des soucis dû aux conseils du naturopathe, ce dernier les pousse à aller encore plus loin affirmant que plus leur investissement est grand plus les changements seront rapides. Une façon de faire peser la responsabilité des soucis sur l’individu. La témoin avoue avoir fini extenuée physiquement avant de quitter le groupe.

Ces groupes sont nombreux et des témoignages arrivent dans nos associations et à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Les pratiques prônées peuvent éloigner du système de santé et constituer un danger et une perte de chance de guérison.

(Source : Le Parisien, 08.08.2021)

  • Auteur : Unadfi