Comprendre le complotisme pour en sortir

La revue Neon a donné la parole à plusieurs personnes qui ont cru à des théories complotistes mais qui ont réussi à en sortir. Leur témoignage permet de comprendre les ressorts du complotisme mais aussi les leviers qui entrent en jeu dans la sortie de ces croyances.

Le premier témoin est tombé dans les théories complotistes après l’effondrement des deux tours du World Trade Center. Il se rappelle avoir vu des vidéos de Thierry Meyssan qui justifiait ces attentats par l’établissement du « nouvel ordre mondial ». Pour ce témoin, croire en ces théories lui permettait de se distinguer, de faire partie d’un cercle réduit de personnes détenant la vérité. Cependant il se rappelle que des doutes ont émergé, il commençait à trouver que les réponses des complotistes à toute personne qui ne croyaient pas leurs théories étaient de mauvaise foi notamment en ce qui concerne le fait de réfuter les témoignages de personnes victimes. Il a par la suite effectué des recherches sur les personnes créatrices de ces théories et s’est aperçu en découvrant leur pedigree qu’elles semblaient avoir trouvé un nouveau filon.

Sebastian Dieguez, neuropsychologue à l’Université de Fribourg (Suisse) confirme que le complotisme apporte des « bénéfices personnels » se traduisant souvent par un certain narcissisme et une impression de se sentir à l’abri de la manipulation. Cependant ces théories sont à double tranchant et inquiètent autant qu’elles rassurent. En effet plusieurs études ont établi des liens entre le conspirationnisme et une plus grande anxiété, sans pourtant déterminer si celle-ci est un facteur qui facilite l’adhésion à des théories complotistes.

Il semble que le regard critique ne se développe pas de façon spontanée mais relève plutôt d’une évolution et ne survient pas après une confrontation face à une personne qui réfute ces théories.  D’ex-complotistes recommandent d’analyser le parcours des émetteurs des théories complotistes et de bien distinguer ceux qui en fabriquent de ceux qui se contentent de les relayer. Il faut essayer de comprendre et réaliser les incohérences de leurs discours. Certains paradoxes peuvent semer le doute dans l’esprit d’une personne adhérant aux théories conspirationnistes. La déconstruction d’idées complotistes et un processus long qui demande de la bienveillance car, comme le disent d’ex-conspirationnistes, il est blessant pour l’égo de s’apercevoir que l’on s’est trompé

Selon des chercheurs allemands spécialistes de la radicalisation politique, la parole des repentis serait plus efficaces sur les personnes radicalisées qui accorderaient plus de crédit à ceux qui ont adhéré à des thèses similaires.

Au-delà des témoignages, l’article livre quelques conseils pour faire face à l’information et se questionner avec méthode. Parmi les principaux conseils on peut noter : mettre de côté ses préjugés et convictions, remonter dès que possible à la source de l’information et sans cesse renforcer ses connaissances notamment scientifiques, historiques et politiques.

(Source : Neon,21.07.2021)

  • Auteur : Unadfi