Nouvelle plainte contre le naturopathe Miguel Barthéléry

Miguel Barthéléry, naturopathe exerçant à Paris et à Cachan, comparaissait vendredi 10 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour exercice illégal de la médecine, suite au décès d’un de ses patients en 2019. Alors que le procès s’ouvrait, une deuxième famille s’est jointe à la procédure contre le praticien, l’estimant responsable du décès de sa fille quadragénaire en 2018.

Absent des registres de l’Ordre des médecins, Miguel Barthéléry se présentait sur le net comme biochimiste, médecin chercheur et titulaire d’un doctorat en médecine moléculaire. Il prescrivait comme unique traitement à ses patients malades des jeûnes et des jus.

Paul est décédé à 41 ans en 2019 d’un cancer des testicules. A la suite du diagnostic de sa maladie, il avait pris la décision de suivre un protocole de jeûne et de purges prescrit par Miguel Barthéléry. Au décès de son mari, la veuve de Paul a écrit au procureur, déplorant le fait que le naturopathe ait vivement empêché son mari de suivre un traitement médical conventionnel. La chimiothérapie soigne efficacement le cancer des testicules dans 97% des cas. C’est seulement trois mois avant son décès, alors que son cancer était déjà très avancé, que la victime avait fini par se tourner vers la chimiothérapie.

Hélène, elle a succombé à la maladie fin 2018. On lui avait diagnostiqué un cancer du col de l’utérus en début d’année ; plaçant toute sa confiance dans la naturopathie, elle s’est tournée vers Miguel Barthéléry, qui lui a prescrit « une semaine de jeûne, puis, à la fin une purge au chlorumagène et une reprise alimentaire, seulement quand la faim se fait sentir. ». Hélène a perdu rapidement beaucoup de poids et s’est retrouvée carencée. Deux semaines avant sa mort, son état de fatigue l’empêchait même de se lever. C’est en apprenant qu’un procès contre Miguel Barthéléry s’ouvrait que ses parents, en possession de messages écrits échangés entre leur fille et le naturopathe ainsi que de messages vocaux enregistrés, ont contacté l’avocat qui représente les proches de Paul. Le contenu de ces messages révèle un ton moralisateur de la part du praticien, réprimandant sa patiente lorsqu’elle lui fait part de ses inquiétudes quant à des chutes en masse de cheveux et des pertes de sang : « à chaque fois que tu te purgeais tu allais mieux […] tu allais d’ailleurs tellement mieux que tu ne faisais pas les trois jours que je t’avais recommandé ce qui t’as remis en difficulté. »

L’avocat qui représente les familles de Paul et d’Hélène suggère que le nombre de victimes du naturopathe devrait être supérieur à deux : « Si on n’ouvre pas une information judiciaire, on ne connaîtra pas le nombre de victimes. On en a deux déjà, mais il y en a sûrement plus. »

Le parquet de Paris n’a pas souhaité retenir la qualification d’homicide involontaire, car, selon les investigations, rien ne prouve que Paul aurait effectivement guéri de son cancer en suivant un traitement traditionnel. En revanche, Miguel Barthéléry est bien jugé pour « exercice illégal de la médecine1 et usurpation de la qualité de médecin ».

Son avocate argue que son client « [n’offre] pas un traitement qui guérit le cancer, mais une méthode pour que le corps se renforce ».

Le jugement sera rendu le 15 octobre.

(Sources Le Parisien, 09.09.2021 & Le Figaro, 10.09.2021& JIM.fr, 18.09.2021 )

  1. L.4161-1 du Code de la Santé Publique spécifie la nature de l’infraction d’exercice illégal de la médecine par l’exécution « habituelle » par une personne d’actes propres à la médecine, à savoir « l’établissement d’un diagnostic ou le traitement de maladies ». Or, l’activité de naturopathe amène parfois à procéder à des diagnostics et à des soins.
  • Auteur : Unadfi