Décès d’une participante à un stage de jeûne

Une femme de 44 ans a été retrouvée morte le 12 août alors qu’elle participait à un stage de jeûne organisé par un naturopathe à Noyant de Touraine (37).  Le procureur de Tours a ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire afin de déterminer les causes du décès. La préfecture d’Indre-et-Loire a ordonné la fermeture du stage.

A ce stade, rien n’établit formellement de lien direct entre ce décès et cette cure, mais des analyses sont en cours et beaucoup de questions se posent quant au manque d’encadrement des participants et à l’absence de suivi médical.

Ce stage de jeûne hydrique consiste à ne pas s’alimenter pendant plusieurs jours- jusqu’à 42 jours – et à ne boire que de l’eau. « Une cure de jeûne aussi extrême ne peut s’envisager qu’avec une surveillance biologique et médicale qui a priori n’était pas en place dans la structure » précise Christophe Géniès, vice-président du conseil de l’ordre des médecins d’Indre-et-Loire.

Plusieurs manquements ont en effet été constatés. Un des curistes a décidé de témoigner anonymement. « Nous devions prendre nous-même notre tension, notre pouls, surveiller nous-même nos pertes de poids mais rien n’était consigné par écrit ». Selon lui, certains des curistes très affaiblis restaient des heures au lit, sans aucune visite ni contrôle par les organisateurs. « Dans ces conditions j’estime que c’était trop dangereux » dit-il.

Malgré ces situations extrêmes et plusieurs alertes, de nombreux curistes souhaitent continuer. « Certains ont dépensé plus de 3 000 euros pour ce stage et ont l’espoir de soulager voire guérir leur cancer ou leur maladie chronique. Et l’effet de groupe est tellement puissant », dit encore ce témoin.

« Quand on est en train de jeûner, on est dans un état second à cause de la fatigue. On est donc facilement manipulable », déclare un autre témoin.

Les motivations des jeûneurs sont diverses : perte de poids, guérison d’une maladie grave, développement personnel… Pour s’inscrire il suffit de remplir un questionnaire en ligne et décider de la durée de la cure par téléphone avec Eric Gandon, organisateur des sessions. « Je ne voulais faire que deux semaines mais il a insisté pour que j’en fasse trois », dit encore un témoin. Rallonger la durée du jeûne consiste à payer plus cher. Si le jeûneur ne va pas jusqu’au bout de sa cure, il n’est pas remboursé.

Eric Gandon refuse désormais de communiquer sur cette affaire avant les résultats de l’enquête. Il aurait prétendu, sans preuve, que le vaccin contre le Covid serait responsable de la mort de la femme de 44 ans. Or il semblerait qu’elle n’était pas vaccinée. Eric Gandon est par ailleurs connu pour ses positions anti-vaccins et alimente une page Facebook où il reprend des billets de blog énonçant des théories radicalement opposées aux vaccins.

Cet événement intervient à un moment où la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), dans son dernier rapport, interpelle l’opinion publique dans sur la recrudescence particulièrement inquiétante de pratiques dangereuses dans le domaine de la santé.

(Sources : France Bleu Touraine, 18&19.08.2021 ; Marianne, 20.08.2021 ; la Nouvelle république, 21.08.2021 ; France Inter, 24.08.2021 ; Le Figaro, 19.08.2021)

  • Auteur : Unadfi