Des publics de plus en plus jeunes passent de plus en plus de temps sur les réseaux sociaux, véritable puits sans fond de théories complotistes. Les jeunes croient-ils à tout ce qu’ils y lisent ? Savent-ils faire preuve de discernement ? Quel rôle jouent les parents ?
Une enquête avait été menée en novembre 2021 par Milan Presse, avec le concours du CSA : 85% des jeunes de 10 à 15 ans répondaient « c’est possible » ou « c’est peut-être possible » quant à l’existence d’au moins une théorie du complot. Le chiffre peut paraître élevé mais Yves Collard, expert et formateur en éducation aux médias à Média Animation, tempère : « Ce n’est pas vraiment qu’ils adhèrent au fond, mais ils se plaisent à la forme et au côté insolite des informations ». Il rappelle l’attrait inhérent des jeunes pour les univers fictionnels et insiste sur le fameux « effet de mode » qui conduit les jeunes à adhérer à une théorie du complot par mimétisme. Ils ne seraient pas plus perméables aux théories du complot que les adultes. C’est d’ailleurs plutôt du côté de ces derniers que se situe le risque car « si les parents sont eux-mêmes perméables aux théories du complot, les enfants vont l’être aussi, ils se calquent sur leurs comportements », explique Yves Collard.
Il pointe 5 axes de « bonne pratique » à suivre afin de préserver son esprit critique lorsque sur Internet on rencontre une nouvelle information : 1) se poser la question de la véracité de l’information (« mais c’est loin d’être binaire, car une information peut être en partie vraie et fausse » précise-t-il) ; 2) s’attacher à la forme de l’information (titre, illustration… 3) s’interroger sur les instances qui pourraient profiter de l’information ; 4) déterminer les émotions suscitées par le propos ; 5) mesurer le caractère « viral » de l’information. Ces pratiques peuvent être salvatrices pour tout le monde : « on rigole beaucoup de l’autre qui adhère à une théorie à laquelle on ne croit pas, mais tous nous nous laissons piéger par une information qu’on a envie d’entendre. »
(Source : moustique.be, 05.05.2022)