Superstitions

Selon un sondage TNS Sofres, 49% des françaises (34% pour les hommes) déclarent être superstitieuses. Réalisée par le ministère de la Recherche, une autre enquête montre que la moitié des français croit à la transmission de pensée et un quart aux envoûtements ou à la sorcellerie.
 

Eloïse Mozzani, historienne des superstitions, constate que ces chiffres sont en progression constante de¬puis quelques années. Pour Thomas Rabeyron, docteur en psychopathologie et psychologie clinique, cette nouvelle tendance est liée à la crise : « Plus l’environnement est inquiétant, plus les gens ont peur du lendemain, plus ils ont recours à la superstition ». Pour exemple, le Livre des coïncidences de Deepak Chopra, publié en 2004 et sous-titré Vivre à l’écoute des signes que le destin nous envoie, est devenu un best-seller. Autre exemple, celui de l’émission Les 30 histoires les plus mystérieuses, consacrée aux malédictions, fantômes et autres ésotérismes, fait des records d’audiences.
 

Les situations de stress, d’incertitude ou de mal-être sont favorables à l’émergence de pensées magiques. Emmanuèle Gardaire, chercheure et maître de conférences en psychologie, précise qu’à partir « d’un certain seuil de risque, la crainte éveille le doute et balaie la rationalité scientifique ». Mais la mécanique superstitieuse est aussi le fruit du milieu culturel, de l’éducation familiale, c’est pourquoi les croyances varient d’une région à l’autre.
 

Certains sont également plus prédisposés que d’autres : « Des études montrent que certaines caractéristiques psychologiques, comme un mauvais ajustement émotionnel, peuvent engendrer le recours à la pensée magique ». La superstition est donc un élément pour repérer la névrose obsessionnelle : « pour les personnes convaincues de la toute-puissance de leurs pensées, pratiquer des rituels est une manière de se préserver des débordements émotionnels qu’elles redoutent ».
 

Lorsqu’elle ne fait pas obstacle à la pensée rationnelle, la pensée magique est un comportement humain. Mais si elle s’accompagne de souffrance, notamment par le biais de troubles obsessionnels compulsifs ou de phobies, « mieux vaut consulter un psychothérapeute… plutôt qu’un guérisseur ».
 

(Source : Marie France, Stéphanie Torre, 24.06.2014)